Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Ecologie a annoncé à Lyon un plan plan national et local d’élimination des PCB. La secrétaire d’Etat a fait cette annonce à la Préfecture du Rhône dans le cadre de l’installation du comité de pilotage chargé de suivre le dossier de la pollution du Rhône ( voir les éléments du dossier ci-dessous sur les utilisations des PCB, les rejets de l’usine Tredi, à Saint-Vulbas)

Le comité de pilotage s’est réuni cet après midi, de 16 heures à 17h30, à la Préfecture du Rhône en présence de représentants du ministère, des directions des services de l’Etat, des représentants des Régions Rhône-Alpes, Languedoc Roussillon, PACA, de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, de l’industrie, des communes, du monde associatif. Rien à voir avec un comité discret réuni en catimini. L’Etat voulait peut-être rattrapper l’impression d’une action menée par à coups. L’occasion était excellente pour lancer, en marge du Grenelle de l’Environnement, un exemple de gouvernance nouvelle. “La réunion s’est déroulée sans agressivité, entre interlocuteurs connaissant le dossier. ” a expliqué un participant.

Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté le plan national d’élimination des PCB en revenant, lors de la conférence de presse, sur la gestion passée de l’Etat. La dangerosité des PCB a-t-elle expliqué a été découverte petit à petit et les normes ont été progressivement abaissées. C’était le cas pour les normes alimentaires revues à la baisse en 2006 par l’Europe. On peut résumer: ” Ce qui n’était pas jugé dangereux l’est devenu”.

Des demandes vis à vis d’EDF

Le plan national d’élimination des PCB sera accéléré. Plus de 500 000 transformateurs sont encore en service, et la secrétaire d’Etat accentuera les demandes au niveau d’EDF ( 450 000 transformateurs) pour l’élimination des transformateurs qui contiennent des PCB. ” Les inspecteurs de l’environnement pourront inclure les questions sur les PCB lorsqu’ils se rendront dans les entreprises“. Les suivis de rejets seront surveillés, et des études seront menées sur les poissons. Pour le moment, des études sont menées sur des placettes, il faut élargir ces recherches. Huit cents analyses seront effectuées à travers la France, sur des fleuves qui sont autant pollués que le Rhône.: la Seine aval, rivières d’Artois, de Picardie, Moselle, Rhin. Une carte des cours d’eau polluée est publiée par le site du Secrétariat d’Etat à l’Ecologie: www.ecologie.fr

Recherches et modélisation

Les recherches doivent permettent d’affiner le comportement des PCB, depuis les sédiments, jusqu’aux diverses espèces de poissons. Les poissons benthiques, qui vivent près des fonds, sont plus contaminés que les poissons pélagiques qui préfèrent être entre deux eaux. Le Cemagref, réalisera des modélisations qui permettront de prévoir ces évolutions de la pollution.

Des recherches seront aussi effectuées en Rhône-Alpes, dans les eaux des nappes, sur les cultures irriguées. Les PCB n’étant pas solubles dans l’eau, mais seulement dans les graisses, ils ne devraient pas se retrouver dans ces échantillons, et pas non plus dans l’eau potable. Maisl il faudra le vérifier.

Etudes d’imprégnation et aide aux pêcheurs

Le dossier des PCB concerne d’autres ministères que celui de l’Ecologie. Pour les répercussions éventuelles sur la santé humaine, Nathalie Kosciusko-Morizet se tournera vers Roselyne Bachelot, ministre de la Santé. Dans un premier temps, des études d’imprégnation devraient être menées pour voir si dans certaines populations , des traces de PCB sont présentes. ” L’étude épidémiologique ne viserait qu’à constater des problèmes de santé, il faut voir si les PCB sont présents. Les études cibleront les personnes qui travaillent avec les PCB, mais aussi certains populations qui ont consommé beaucoup de poissons.”

Le Ministère de l’Agriculture devra prendre en charge les pêcheurs professionnels: dédommagement pour les lots de pêche loués, aide pour les cotisations sociales, emploi possible dans le cadre des campagnes de prélèvement. ” Ce sont des professionnels qui connaissent leur métier“.

Il restera à financer ce programme ambitieux en forme d’inventaire. Pour le moment, aucun chiffre n’a été officiellement annoncé. C’est ce qui inquiète quand même Alain Chabrolle, admninistrateur de la FRAPNA Rhône-Alpes, en pointe sur ce dossier depuis plusieurs années. La Frapna évoque un besoin de financement de 3 à 3,5 million par an pendant plusieurs années.

Nathalie Kosciusko Morizet a annoncé qu’un nouveau comité de pilotage, pour le Rhône, se réunirait en janvier ou début février à Lyon.

michel.deprost@free.fr

– Deux cent neuf molécules dans la famille des PCB

Les PCB ( polychlorobiphényles) sont une vaste famille de molécules. On y recense 209 congénères, numérotés de 1 à 209, en fonction de le quantité de chlore qu’ils contiennent.

Les différentes molécules sont entrées dans la composition de différents produits couramment utilisés par l’industrie pendant quarante ans. Le PCB 28 a été utilisé par exemple dans le DP 3, un Pyralène commercialisé en France, mais aussi dans une autre marque, Arochlors, vendues aux Etats-Unis. Des années trente aux années quatre-vingt, on a produit environ 1 million de tonnes de PCB aux Etats-Unis, au Japon , en Europe.

Les PCB ont été considérés pendant des années comme des molécules miraculeuses. Ils ont été utilisés comme fluide lubrifiant et industriel, pour les pompes à vide, dans les huiles hydrauliques, les huiles de coupe en travail des métaux. Ils ont été employés comme additifs ignifugeants dans des matières plastiques, dans des agents plastifiants, dans des adhésifs. On les retrouvait donc dans des revêtements de surface, des peintures, des laques, des vernis, des revêtements de textiles ( bâches imperméables), dans des isolants de câbles et de fils, des encres, des caoutchouc, des colles, des adhésifs, des joins d’étanchéité, pour l’ensimage de fils.

Ils ont surtout été utilisés comme diélectriques dans les transformateurs et les condensateurs pour résister à de hautes températures. Ils ont été utilisés comme fluides caloporteurs dans des radiateurs « à huile » banals, qu’on allait jeter à la décharge sans plus de manière. Ils ont été utilisés comme lubrifiant, pour améliorer les qualités certains produits : cirages, silicones. Longtemps le but était de produire des PCB de qualité … … en quantité.

Utilisations interdites

Petit à petit, les utilisations des PCB ont été réduites : interdiction dans les applications ouvertes à partir de 1979, vente et acquisition d’appareils contenant du PCB interdites depuis 1987.

Le plan national d’élimination et de décontamination des appareils contenant des PCB et des PCT approuvé par arrêté du 26 février 2003 prévoit l’élimination progressive d’ici à 2010 des appareils contenant des concentrations supérieures à 500 ppm (parties par million) soit 0,5 gramme par kilo de fluide. La réglementation laisse donc un vide car des appareils contenant plusieurs grammes de PCB peuvent se retrouver dans des déchetterie ou dans la nature.

– Tredi : des rejets de 1,5 kilo par jour à 0,5 gramme

Longtemps au centre de la polémique, l’usine Tredi de Saint-Vulbas, qui appartient au groupe Séché, a réalisé ces derniers mois des investissements importants pour réduire encore ses rejets de PCB.

L’entreprise, alors filiale de l’Entreprise Minière et Chimique appartenant à l’Etat, a commencé l’élimination des PCB à partir de 1985. Les molécules très « solides » de PCB liquide, y sont éliminées dans un four d’une capacité de 6000 tonnes par an, après démantèlement des transformateurs, vidange, extraction des PCB.

Les valeurs limites de rejets de PCB dans les effluents ont été autrefois élevées. L’arrêté préfectoral du 23 avril 1987, autorisait l’entreprise à émettre 1,5 kilo de PCB par jour. L’arrêté du 27 février 1991 , puis l’arrêté du 14 décembre 1992 ont réduit ce rejet maximum à 500 grammes. Le 30 mars 1995, un arrêté a réduit les rejets maximum à 200 grammes par jour. Depuis le 25 juillet 2007 ( seulement) les rejets ont été ramenés à 10 grammes par jour.

Les rejets actuels seraient de 0,5 gramme par jour.

-Des analyses onéreuses

Nathalie Kosciusko Morizet, secrétaire d’Etat à l’Ecologie s’est rendue à Lyon ce mercredi pour faire le point sur le dossier de la pollution du Rhône par les PCB. La secrétaire d’Etat a rencontré à Meyzieu en début d’après-midi des élus et des représentants des pêcheurs professionnels. Elle a ensuite visité le laboratoire Carso, à Gerland ( Lyon) numéro 1 en France de l’analyse des dioxines et PCB.

Bruno Schnepp, pdg, lui a fait visiter les laboratoires puis expliqué les analsyes des PCB. Carso a capacité d’analyses qui peut être de 1000 échantillons par mois pour les sédiments, mais cette capacité est bien inférieure pour la chair de poisson. Les opérations d’analyse sont en effet longues. Pour les sédiments les échantillons doivent être préparés, certains constituant doivent être séparés par des solvants organiques, ils doivent être ensuite purifiés pour permettre l’extration de PCB.

Pour les échantillons de chair, il faut d’abord extraire la matière grasse dans laquelle se concentrent les PCB, puis extraire ces derniers de la matière grasse.

L’analyse d’un poisson revient à 800 euros a expliqué plus tard dans l’après-midi la secrétaire d’Etat.

–CARSO à Lyon Gerland: leader dans l’analyse des PCB

Carso est un groupe spécialisé dans l’analyse qui emploie 900 docteurs es sciences pharmaciens, ingénieurs et techniciens. Le groupe réalise un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros. Son siège est à Lyon, et CARSO possède 14 autres implantations, spécialisées en fonction des secteurs d’interventions. Les laboratoires de Lyon, Limoges, Strasbourg et Douai et Anvers sont orientés vers l’analyse de la « colonne d’eau » de l’eau elle-même, aux sédiments, en passant par les matières en suspension et par des microorganismes.

Les laboratoires de Saint-Etienne , Paris, Aix en Provence et Rennes sont orientés vers le secteur de l’hygiène. Rennes, Quimper, Clermont et Strasbourg ont comme activité le secteur agronomique. CARSO possède aussi une compétence pour identifier des organismes ( comme les légionelles) par analyse de l’ADN, à Lyon.

Dans le secteur de l’analyse le ticket d’entrée est élevé. Il faut recruter des spécialistes de cette discipline qui n’est pas parmi les plus recherchées par les étudiants. Il faut investir dans des matériels onéreux forcément à la pointe à la fois des exigences techniques et des normes réglementaires. Il faut être homologué.

CARSO a la capacité d’analyser 5000 paramètres, les PCB, les dioxines, mais aussi les métaux, les perturbateurs endocriniens , les pesticides ( 500 molécules), l’amiante, de pratiquer des tests sur encéphalopathie spongiforme bovine. Carso est capable d’’analyser la présence de plomb dans l’eau ou les peintures, de composés organiques volatils. L’entreprise peut identifier les traces de radioactivité naturelle ou artificielle, la présence de radon .Bientôt les médicaments dont des traces peuvent être retrouvées , entre autre milieu, dans l’eau.

Le groupe analyse 500 000 échantillons par an pour y repérer 5 millions de paramètres. En savoir plus sur www.carso.fr