La présence de PCB dans les trois grands lacs alpins a été confirmée depuis quelques jours. Le préfet de Savoie et le préfet de Haute Savoie ont interdit le 2 avril, la pêche pour consommation et commercialisation d’ombres chevaliers dans le lac du Bourget.
Les premières analyses d’une série de recherches commandées par la CIPEL ( Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman) et le SILA (Syndicat Mixte du Lac d’Annecy) sur la concentration en PCB de type dioxine dans différents poissons ont montré que sur des
échantillons de 5 individus dans chaque lac d’omble chevalier, certains poissonsétaient contaminés.
Un des individus du Lac Léman présentait une concentration de 12,73pg/g (picogrammes par gramme,le picogramme étant un millionnième de millionième de gramme). Les autres espèces analysées – corégone, perche et lotte – avaient des valeurs inférieures à la norme européenne. Les cantons de Genève, Vaud et Valais, en accord avec l’Office fédéral de l’environnement, ont mis sur pied un programme d’investigations supplémentaires qui permettra, si nécessaire, de prendre des mesures ciblées.
Etudes complémentaires
Pour le lac d’Annecy, un des poissons présentait une teneur de 31,34pg/g ( picogramme par gramme) soit presque quatre fois la norme européenne. Des mesures ont également été réalisées sur d’autres espèces de poissons : corégone-féra, perche et lotte pour le lac Léman, et corégone. Les concentrations étaient inférieures à la norme malgré une concentration dosable de PCB. Ces espèces ont été choisies par leur fréquence de pêche ou par leur habitat préférentiel. Des investigations complémentaires seront menées dès la semaine prochaine par le SILA et la CIPEL. Ces investigations concerneront en plus de l’omble, le corégone, la truite lacustre, le brochet et l’écrevisse dans les Lac Léman et d’Annecy. Le Syndicat Mixte du Lac d’Annecy ajoutera la perche à cette liste.
Pour Bernard Bachasson, administrateur de la FRAPNA de Haute Savoie, le résultat des études est une alerte. Ils montrent que les lacs, malgré des améliorations sur certains critères sont contaminés par des polluants qui peuvent être très longs à disparaître. « L’ombre chevalier a une croissante lente, le poisson retrouvé contaminé était un individu âgé, quia pu accumuler des polluants émis par des sources qui n’émettent plus »
L’émission de PCB a baissé, mais les études doivent se poursuivre pour permettre de dresser une carte précise de la contamination, pour reconstituer les sources d’émissions. Des émissions ont pû être produites par l’industrie, directement dans des cours d’eau, mais aussi par des incinérateurs, comme celui de Gilly sur Isère, près d’Albertville ou comme celui de Chavanod, près d’Annecy.
La Région Rhône-Alpes de son côté demande que soit organisée dans les meilleurs délais une rencontre afin d’informer l’ensemble des élus des collectivités concernées sur les dernières analyses
relatives à la pollution actuelle, et sur les investigations à mener. La Région demande d’examiner les mesures qu’il convient de prendre pour assurer la protection des lacs, de
leur faune et de leur flore. Rhône-Alpes demande de prévoir les mesures d’indemnisations à l’égard des pêcheurs professionnels qui cessent leur activité.
«A l’heure où le Gouvernement prépare une loi cadre sur la mise en oeuvre du Grenelle de
l’environnement, un plan spécifique sur la pollution au PCB doit être élaboré sans délai afin de
restaurer les milieux naturels contaminés par cette pollution» estime la Région dans un comuniqué.