Le deuxième comité de suivi et d’information sur la pollution du Rhône par les PCB a réuni ce mercredi 28 mai l’ensemble des intervenants concernés pour faire le point des engagements notamment pris par l’Etat lors du premier comité de pilotage tenu à Lyon, le 10 octobre 2007, sous présidence de la secrétaire d’Etat en charge de l’Ecologie, Nathalie Kosciuzko-Morizet.
Pour la cartographie de la contamination, très disséminée, les investigations et analyses sur les poissons et les sédiments ont été élargies depuis le 10 octobre à l’ensemble du bassin à 119 points d’investigation. En 2008, sur le bassin Rhône-Méditerranée, 31 sites ont été retenus pour lesquels les prélèvements sont achevés sur les sédiments et les poissons. Les résultats seront connus dans l’année. Pour aller plus loin 88 autres points seront investigués d’ici la fin de 2008 sur les différents cours d’eau du bassin pour lesquels existe des soupçons de contamination.
Des espèces plus ou moins contaminées
Les études ont permis de découvrir aussi que la contamination pouvait être plus ou moins importante suivant les espèces de poissons et les sites . Un complément d’analyses de
poissons sur le Rhône et les lacs alpins a été décidé. Certains poissons se nourrissent en effet près du fond de végétaux qui peuvent être contaminés, alors que d’autres, dis de pleine eau, peuvent ne pas être contaminés.
Les résultats des recherches ont permis d’exclure certaines zones et certains espèces des interdictions de consommation et de commercialisation. C’est le cas des poissons du Haut-Rhône, en amont du barrage de Sault-Brenaz, de la rivière d’Ain, du lac des eaux bleues (au nord de Lyon) ,des contre-canaux du Rhône dans les départements de l’Ardèche et de la Drôme sauf pour les anguilles et les aloses) , des poissons pêchés sur le petit Rhône ( Bouches du Rhône). C’est le cas aussi des tellines et des moules dans l’embouchure du Rhône.
Interdiction de consommation levée
pour certaines espèces
Tous les résultats d’analyses été exploités par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) pour une évaluation scientifique des risques. L’Agence a rendu le 28 mars un avis qui permet de prononcer la conformité de certains poissons dits de pleine eau (gardon, mulet, perche, sandre, truite, carassin…) sur le secteur compris entre la confluence du Rhône avec l’Isère en amont et la confluence avec la Durance en aval. Les interdictions de pêche, de consommation et de commercialisation ont été levées le 6 mai pour ces espèces et sur ce secteur dans les départements de l’Ardèche, de la Drôme, du Vaucluse et du Gard.
En amont de la confluence du Rhône avec l’Isère et en aval de la confluence avec la Durance, les analyses sont en cours. Des décisions pourraient intervenir cet été au vu des résultats d’analyses.
Sur les trois lacs du Bourget, d’Annecy, et du Léman, les premiers résultats ont mis en évidence des dépassements du seuil relatif à la norme européenne sur les ombles chevaliers. Les préfets de Savoie et de Haute-Savoie ont interdit le 2 avril la pêche de cette espèce sur les lacs du Bourget, d’Annecy et du Léman. Des investigations en cours doivent permettre d’affiner les connaissances sur les autres espèces de ces lacs habituellement consommées. Les premiers résultats sur le lac d’Annecy montrent une conformité sur 28 poissons analysés. Les résultats sur les lacs Léman et du Bourget sont attendus pour les prochains jours.
Douze pêcheurs indemnisés
Des mesures d’accompagnement économique sont prévues pour les pêcheurs professionnels. Douze pêcheurs devraient être indemnisés pour leur perte de trésorerie à hauteur de 30 000 euros. Ces pêcheurs professionnels, ainsi que les associations de pêche et de protection du milieu aquatique et les pêcheurs aux engins et aux filets, bénéficieront du eemboursement des baux de pêche sur les eaux du domaine public, avec rétroactivité depuis 2005. Des actions de re-localisation sont lancées au cas par cas pour les pêcheurs pour pouvoir proposer des sites de substitution. Des lots ont déjà été attribués sur la Saône et certains le seront prochainement sur la Saône et l’Isère. Des réflexions sont engagées pour l’ouverture de l’accès à certains plans d’eau comme Aiguebelette ( fermé à la pêche professionnelle) , Serre-Ponçon, Coiselet ou Vouglans. Par ailleurs, des pêches et analyses seront conduites sur le grand et le petit Rhône sur deux espèces marines (loups et mulet) qui pourraient être exploitées par des professionnels si leur qualité sanitaire est bonne. Les analyses sont prévues en juin 2008 et les résultats sont attendus en août 2008. Les investigations prendront en compte les végétaux irrigués avec les eaux pompes dans le fleuve ou dans sa nappe. Les résultats d’analyses seront connus à l’automne 2008.
Etude sur l’imprégnation des consommateurs de poissons
L’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’AFSSA conduiront dès cette année une étude nationale une étude de l’imprégnation aux PCB des consommateurs de poissons d’eau douce. En effet les contaminations par les PCB concernent de nombreux cours d’eau. Un site sur le bassin du Rhône sera bientôt sélectionné. Un échantillon de 150 personnes sera réalisé et les dosage des PCB dans les prélèvements sanguins commenceront avant la fin de 2008.
Enfin, le traitement de la pollution doit être envisagé, bien qu’il s’annonce difficile. Le pôle de compétitivité AXELERA a déposé un projet de recherche et développement sur les polychlorobiphényles (PCB) dans le cadre du sixième appel à
projets du fonds unique interministériel. Le projet “PCB AXELERA” a pour ambition de travailler au développement et à la mise à disposition d’une gamme complète de technologies innovantes, accompagnées de nouveaux outils analytiques et de nouveaux modèles de transfert, pour le traitement des problématiques de pollution des eaux, sédiments et sols par les PCB et autres polluants. Les pollutions par les PCB ne sont pas en effet limitées au Rhône.
michel.deprost@free.fr à partir du dossier du comité de Pilotage