L’irradiation de certains aliments n’est pas une technique innocente et elle peut comporter certains risques ou inconvénients : c’est ce qu’expliquent les auteurs. Roland Desbordes, de la CRII-RAD, rappelle que l’irradiation a été largement utilisée aux Etats-Unis dans les années soixante, quand on s’est rappelé que les irradiations pouvaient tuer des micro-organismes responsables de la dégradation des aliments. La suppression de bactéries et autres virus ou champignons permet de conserver des aliments, d’en ralentir le vieillissement, d’en préserver l’aspect. C’est idéal pour les faire voyager à grande distance.
L’irradiation s’est développée au début des années quatre vingt en Europe, où elle a été soumise à des règles d’étiquetage très strictes qui ont provoqué des réserves de la part des consommateurs. En 2002, l’Europe a édité une liste positive de produits susceptibles d’être irradiés. L’irradiation a été ainsi autorisée pour le traitement de sang récupéré dans des abattoirs, et destiné à l’alimentation animale. Peuvent être irradiés des aromates, des épices, des condiments. Si l’irradiation de ces derniers produits, utilisés en faibles quantités et conservés longtemps peut ne pas poser problème, l’irradiation devrait être remplacée par une meilleure hygiène dans les abattoirs estime Roland Desbordes.
Produits néoformés
Pour le responsable de la CRII-RAD, l’irradiation doit cependant être plus strictement limitée pour plusieurs raisons. Le risque n’est pas nucléaire : les aliments irradiés ne sont pas radioactifs. Les précautions sont d’un autre ordre. « La réglementation repose sur des seuils en deçà desquels le risque est censé être insignifiant. Il s’agit de moyenne, mais on ne peut pas exclure les cas de certaines personnes plus sensibles .
L’irradiation détruit en partie certains composants des aliments, comme les vitamines. L’irradiation produit aussi de nouvelles molécules, des produits néoformés parmi lesquels on trouve un alkyle-cyclo-butane soupçonné d’être cancérigène. Evidemment cette molécule est présente en quantité extrêmement faible, et le risque est proportionnel. Mais les auteurs mettent en avant les précautions qui doivent être prises pour évoquer des accumulations..
L’inconvénient de l’irradiation réside aussi dans la réduction de la valeur nutritionnelle, en raison de la dégradation de vitamines. Roland Desbordes souligne aussi que les régles européennes laissent beaucoup d’incohérences d’un pays à l’autre, puisque les produits circulent aisément, alors que les régles d’irradiation sont très différentes.
La critique de l’irradiation repose aussi sur son insertion dans un commerce à grande distance de produits végétaux ou animaux. L’irradiation est un instrument d’une mondialisation mal maîtrisée qui développe la consommation de produits hors saison, qui fragilise l’agriculture vivrière.
Atome,irradiation, malbouffe, Editions Golias