La montagne est synonyme d’eau en abondance. Glaciers, torrents, lacs: les Alpes semblent être un réservoir inépuisable qui alimente une bonne partie de l’Europe. C’est vrai. Cela pourrait ne plus l’être un jour.
En effet, explique Carmen De Jong, hydrologue et hydrogéologue, chercheur l’Institut de la Montagne de l’Université de Savoie,plusieurs observations montrent que les réserves d’eau des Alpes ont tendance à s’amoindrir. En un siècle les nappes phréatiques se sont abaissées de 25%. Des tensions existent dans certaines régions, où la réserve est sollicitée par des usages multiples, concurrents et croissants. Le tourisme, la production de neige, l’urbanisation, toutes les activités humaines viennent puiser là où l’agriculture seule irriguait et abreuvait le bétail.
Changements climatiques
Et la situation pourrait devenir difficile, surtout en cas de changements dans les saisons et dans le régime hydrographique des cours d’eau. L’alerte a été donnée en Styrie, une région d’Autriche méridionale. En Slovénie voisine, dans le massif des Karavanke, l’eau est parfois un problème. Et c’est finalement un programme INTERREG qui a été lancé pour mettre en place un système d’alerte à l’échelle de la colonne vertébrale alpine.
Alp-Water-Scarce, c’est le nom du programme, a été récemment retenu et financé par le programme « Espace alpin » dans le cadre de la “Coopération européenne territoriale” (Objectif III de la Politique régionale 2007-2013). Le chef de file est l’Institut de la Montagne, implanté au Bourget du Lac ( Savoie)
Le projet commencera en octobre 2008 pour trois ans. Le budget global est d’environ 4 millions d’euros. Le projet réunit 17 partenaires dont 4 viennent d’Autriche, 2 de Suisse, 3 de France, 5 d’Italie et 3 de Slovénie. Les partenaires sont des gouvernements régionaux, des provinces, des instituts et offices fédéraux, des universités, des agences régionales, des sociétés alpestres, des services géologiques et des chambres d’Agriculture et de la Forêt.
Systèmes d’alerte précoce
Les principaux objectifs résident dans la création de systèmes d’alerte précoce contre la pénurie d’eau basés sur « une modélisation et un monitoring pertinents et pérennes et sur une liaison forte et active avec un forum des décideurs ».
En effet, explique Carmen De Jong, la recherche ne sera pas l’apanage des chercheurs et il ne faudra pas attendre les résultats pour que la société en soit informée. Un forum animé sur le site Internet du programme mettra en liaison des régions alpines parfois comparables, parfois très différentes.
28 régions d’observation
Le système d’alerte précoce ne débouchera pas sur une carte des zones de pénurie. La surveillance sera concentrée sur 28 secteurs pilotes sélectionnés en France, Italie, Autriche, Slovénie et Suisse. Les objectifs sont d’améliorer la gestion de l’eau à court terme (une année) aussi bien que dans le long terme (scenarii futurs) .
L’amélioration s’appuiera sur la modélisation de la ressources. En tenant compte des évolutions futures du climat et des précipitations, le programme permettra de prévoir les futures pénuries. Des dispositifs innovants permettront d’atténuer et d’adapter. « La prise de conscience et l’interaction entre les acteurs seront une partie importante de l’identification du problème, de la participation au projet, de la dissémination des résultats et de la mise en œuvre de nouvelles approches ».
La réunion de lancement avec la réunion publique aura lieu le 17 octobre au SILA à Annecy avec une traduction simultanée dans les principales langues des pays alpins. Elle sera ouverte au grand public et à tous les acteurs et décideurs intéressés par le sujet. Le programme se trouve sur le site de l’Institut de la Montagne.
Pour plus d’information, voir :
http://www.institut-montagne.org
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