Suppression de pesticides : les industriels trouvent que l’Europe va trop loin

Les entreprises de l’Union des Industries de Protection des plantes (UIPP) prennent position devant l’élaboration d’un nouveau règlement européen qui pourrait exclure 90% des quelque 250 molécules encore utilisées par l’agriculture européenne.


Les nouvelles exclusions de molécules de synthèse pesticides seront incluses dans un règlement qui révisera un texte datant de 1991, la liste 91/414/CE. Le nouveau texte sera donc un règlement et non une directive. Une directive doit être transcrite dans le droit de chaque pays, par la loi, ce qui demande du temps. Un règlement est applicable immédiatement après son adoption. Une directive sur l’utilisation durable des pesticides est en cours de révision.


Le règlement critiqué par l’UIPP est en cours de discussion entre la Commission européenne qui a proposé le texte initial et le Parlement. Des allers et retours permettront d’arriver à un compromis.


Danger et risque
Un compromis qui inquiètent les entreprises du secteur de l’agrochimie, particulièrement représentées en région lyonnaise. Cette dernière accueuille en effet les sièges de deux des trois premiers producteurs français, Bayer Crop Science ( Lyon) et BASF ( Ecully), mais aussi Monsanto ( Bron), Chiminova, et Philagro, filiale française de trois groupes japonais ( Sumitomo Chemicals, Nissan Chemicals et Nishino).


La mise en oeuvre de la directive 91/414/CE avait déjà entraîné la disparition de 60 % des molécules, sur une évaluation des risques dans les conditions d’emploi prescrites des produits. Selon les propositions de la Commission européenne, ce sont à l’avenir 30 % des fongicides qui pourraient être exclus, impactant principalement les cultures de fruits, de légumes, de céréales ainsi que la vigne et la pomme de terre. “Si la proposition du Parlement européen en première lecture en octobre 2007 (qui a considérablement durci les critères) était acceptée, c’est plus de 70 % des insecticides qui devraient être supprimés” estime un scénario de l’Union des Industries de la Protection des Plantes.


L’Union des Industries de Protection des Plantes, comme l’ECPA, l’association européenne du secteur, estiment que les principes d’exclusion ne sont pas fondés. « Auparavant les exclusions reposaient sur la notion de risque. Elles prenaient en compte le danger des molécules, mais aussi l’exposition à ces molécules. Une molécule dangereuse à laquelle on n’est pas exposé ne présente pas de risque. La démarche actuelle prend en compte la notion de danger seulement, même s’il n’y a pas d’exposition»explique Pascal Foessel, directeur technique expérimentation de Philagro.


Cultures démunies


Pour l’UIPP, les risques économiques sont importants pour les cultures qui seraient démunies rapidement de protection. « L’agriculture européenne sera la seule à être privée de ces produits. Il s’agit d’une démarche de parlementaires qui ne sont pas assez informés et cèdent à la pression des médias ou de l’opinion» explique Pascal Foessel.


L’UIPP regrette aussi la rapidité avec laquelle, en France, des mesures sont envisagées dans le projet de loi Grenelle de l’Environnement. L’UIPP soutient plusieurs axes prioritaires du plan Ecophyto 2018 que sont la garantie de la professionnalisation de l’ensemble des acteurs (utilisateurs, distributeurs, conseillers) ; l’aide à la recherche agronomique et à l’innovation ; la création d’un réseau d’épidémiosurveillance accessible à tous les agriculteurs et la diffusion des bonnes pratiques agricoles économes en pesticides via un réseau de fermes pilotes. Mais ” l’avancée des recherches sur les nouveaux produits et les solutions alternatives, la formation des agriculteurs et l’évolution des comportements réclament un délai et des ressources qu’il est difficile d’anticiper à ce stade. Des décisions arbitraires fixant des objectifs irréalistes en la matière nous ramèneraient inévitablement à la situation de relative pénurie dont notre société est sortie voici 40 ans à peine. L’exclusion du marché de 53 substances actives est également prévue. Trente molécules ont déjà été retirées ; or certaines d’entre elles font l’objet d’une autorisation communautaire, privant ainsi les agriculteur d’une agriculture compétitive”


michel.deprost@free.fr


www.uipp.org




www.info-pesticides.org





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