” Cette saison, j’ai perdu 150 de mes 180 ruches dans le secteur du nord Isère de Septème. Sept autres apicultueurs professionnels, dont un producteur de gelée royale, ont connu des pertes subites, des effondrements de colonies, les butineuses ont disparu, sans qu’on découvre de cadavres devant les ruches“.
Jean-Pierre Cellard, apiculteur à Chaussan, au sud de Lyon, Président, annonce que le Syndicat des apiculteurs professionnels de Rhône-Alpes entend renforcer son action contre les pratiques qui nuisent aux abeilles. La situation est difficile sauf pour les professionnels à la tête d’une solide exploitation.
Des problèmes qui demeurent
Pour les autres, les problèmes demeurent. Le fonctionnement agricole actuel est la cause de bien des difficultés. Jean-Pierre Cellard constate que des secteurs de grandes cultures comportent davantage de risques, comme certains secteurs industriels.
Diagnostic difficile
Mais le diagnostic n’est pas aisé à dresser. Du fluvalinate , un insecticide utilisé pour traiter les ruches contre le varroa ( acarien parasite) a été retrouvé dans les ruches de Jean-Pierre Cellard alors qu’il n’utilise pas lui-même ce produit . L’insecticide a pu être amené par d’autres abeilles. L’analyse qu’il a fait réaliser ne montre pas de trace de néocotinïdes, des molécules soupçonnées de désorienter les abeilles et de les empêcher de retourner à la ruche. Jean-Pierre Cellard a confié des études plus poussées à un nouveau laboratoire.
Grâce à l’Association pour le Développement de l’apiculture en Rhône-Alpes ( ADARA) , soutenue par la Région, les apiculteurs professionnels peuvent suivre des procédures, faire réaliser des analyses. Mais il manque des moyens pour pratiquer des analyses plus systèmatiques, plus rapides, qui permettraient de réagir rapidement en cas d’intoxication prouvée.
Le président du Syndicat des apiculteurs reconnait que le monde agricole évolue. Les nouvelles générations sont plus conscientes des enjeux en termes de santé, d’environnement. ” Mais il y a encore des agriculteurs qui font n’importe quoi, qui utilisent des produits interdits. Il suffit d’un agriculteur qui ne respecte pas les règles pour que toute une zone crée un risque pour les abeilles“.
Le syndicat de l’apiculture professionnelle entend développer les relations avec les agriculteurs. ” Nous avons eu avec la section apicole du Groupement de Défense Sanitaire du Rhône une rencontre avec les propducteurs de fruits rouges qui comprennent qu’ils ont besoin des abeilles pour la pollinisation”.
Mais le Syndicat de l’Apiculture entend aussi mener des actions fortes. Une manifestation à l’ANSES a permis aux apiculteurs d’être entendus. Le Syndicat est prêt à déposer des plaintes en cas de trouble dont le responsable serait identifié.