Ces dernières semaines, plusieurs articles parus dans la presse régionale ont annoncé que dans certaines régions alpines (Savoie et Drôme notamment) des vautours fauves avaient attaqué, voire mis à mort des animaux d’élevage, notamment des bovins. La FRAPNA (fédération Rhône-Alpes pour la protection de la nature) et la LPO-Rhône-Alpes (Ligue pour la Protection des oiseaux) ont souhaité réagir à ces annonces . En effet pour les deux associations rhonalpines, il s’agit d’un « emballement irraisonné autour de supposées “attaques” de vautours fauves (…) et d’une polémique qui n’est pas justifiée, dans la mesure où ces oiseaux n’ont ni les capacités physiques ni les comportements adaptés pour leur permettre de “s’attaquer” à des animaux sains et en pleine possession de leurs moyens. »
Nécrophages exclusifs
Les deux associations naturalistes rappellent que les vautours fauves (Gyps fulvus) (1) , jadis répandus dans une grande partie de l’Europe occidentale, ont été persécutés comme la plupart des grands rapaces. Protégés à la fin du XX ème siècle, ils ont bénéficié de plusieurs opérations de restauration dans les Alpes et le Massif central. En Rhône-Alpes, ils sont aujourd’hui nicheurs dans le Vercors et les Baronnies. Nécrophages exclusifs, ils se nourrissent d’animaux sauvages ou domestiques morts. Très exceptionnellement, des animaux malades, blessés, très affaiblis ou en grande difficulté et incapables de se mouvoir peuvent être consommés ante mortem, les vautours fauves anticipant alors la mort de l’animal. FRAPNA et LPO estiment que les faits relatés récemment en Savoie (alpage de Montdenis) et dans la Drôme (commune de Plan-de-Baix) entrent pleinement dans le cadre de ces cas exceptionnels, puisque, selon les expertises vétérinaires qui ont suivi, les animaux consommés par les vautours résultaient, pour le premier, d’un cas d’entérotoxémie bovine et pour le second d’une mise bas pathologique avec un veau mort-né.
Service d’équarrissage naturel
Les deux associations rappellent au passage que les vautours fauves assurent un véritable service d’équarrissage naturel : ainsi dans la Drôme, il existe deux services d’équarrissage naturel gérés par le Parc naturel régional du Vercors et l’association “Vautours en Baronnies”. Ces deux services éliminent chaque année, grâce aux vautours libres, 140 tonnes d’ovins et de caprins morts, collectés auprès de 150 à 200 éleveurs.
A cela s’ajoutent des placettes d’équarrissage particulières, agréées, situées sur les terrains d’éleveurs volontaires. Grâce à ce système, des dizaines de tonnes de cadavres sont éliminées chaque année sur les zones d’estive, prévenant ainsi mes risques de pollution des sources et rivières.
Pour mettre un terme à la polémique qui s’est développée ces derniers jours, la FRAPNA et la LPO demandent à l’Etat la mise en œuvre de procédures harmonisées afin que des expertises vétérinaires indépendantes puissent avoir lieu en cas de doutes manifestés par l’éleveur et que leurs résultats soient rendus publics. Un courrier dans ce sens a été envoyé le 10 juillet 2013 aux Préfets des Régions Rhône-Alpes et PACA.
(1) Le vautour fauve est une espèce totalement protégée, inscrite à l’annexe 1 de la Directive Oiseaux et en annexe 2 des conventions de Berne, de Bonn et de Washington, ainsi qu’ en annexe C1 du règlement CEE / CITES. Elle est également classée « rare » sur la Liste Rouge des espèces menacées et à surveiller en France (un peu plus d’un millier de couples reproducteurs).