Dans une étude publiée ce mois par la revue scientifique Nature Biotechnology, Marcel Kuntz, John Davison et Agnès Ricroch, respectivement chercheurs au CNRS, à l’INRA, et à AgroParisTech analysent les arguments « scientifiques » avancés par le gouvernement français de Nicolas Sarkozy pour « justifier » son interdiction de culture de l’OGM MON 810 en 2012.
A cette époque, le gouvernement français et Nicolas Sarkozy sont sous la pression des opposants aux OGM. La position par rapport à cette technologie, est comme le nucléaire, enjeu politique à quelques mois de l’élection présidentielle.
Des articles de scientifiques étrangers manipulés
Les auteurs montrent que des documents scientifiques authentiques, y compris ceux de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), ont été faussement interprétés. D’autres articles scientifiques importants qui n’allaient pas dans le sens voulu par le gouvernement ont été ignorés. ” Des auteurs scientifiques étrangers cités par le document du gouvernement français ont témoigné que leurs conclusions ont été détournées de leur sens.” expliquent les auteurs dans le texte qui signale la parution de leur article.
Les auteurs estiment avoir mis en lumière le comportement des services de l’Etat français, restés anonymes, qui ont produit leur propre interprétation des faits scientifiques.Ils l’ont fait en court-circuitant l’instance chargée de l’évaluation des risques (le Haut Conseil des Biotechnologies) pour répondre “à une commande de nature politicienne.”
Une nouveau comportement
des gouvernements européens
Pour les trois signataires, ce comportement non-éthique ” semble devenir une « norme » européenne puisque six autres gouvernements européens ont eu recours à un détournement de publications scientifiques pour « justifier » leur interdiction politique de la culture des OGM”.
Le dernier détournement a eu lieui en Italie. ” Bien que connaissant la nature fallacieuse du document français, un service italien l’a traduit en Italien et envoyé tel quel à la Commission européenne.”
Selection d’autres publications par les mêmes auteurs:
Evaluation of genetically engineered crops using transcriptomic, proteomic and metabolomic profiling techniques. Agnès E. Ricroch, Jean B. Bergé & Marcel Kuntz. Plant Physiology, Vol. 155(4) 1752-1761 (2011).
Destruction of public and governmental experiments of GMO in Europe. M. Kuntz. GM Crops & Food, Vol. 3(4), pages 1-7 (October/November/December 2012).
Assessment of the Health Impact of GE Plant Diets in Long Term and Multigenerational Animal Feeding Trials: a Literature Review. Snell C., A. Berheim, J. B. Bergé, M. Kuntz, G. Pascal, A. Paris & A. Ricroch (2012). Food and Chemical Toxicology, Vol. 50 (34), 1134-1148 (March 2012).
Assessment of GE food safety using omics techniques and long-term animal feeding studies. Ricroch A. (2013). New biotechnology, Vol.30(4), 349-354 (May 2013).
GM plants: Science, politics and EC regulations. John Davison. Plant Science, Vol. 178(2), 94-98, (February 2010).
Aucun des auteurs de la présente étude n’a de revenus, ni personnel, ni pour son laboratoire, liés à la commercialisation du maïs MON810, ni à aucune autre variété, transgénique ou non. Aucun des auteurs n’a bénéficié d’une rémunération, à quelque titre que ce soit, d’une partie prenante de cette affaire, qu’elle soit privée ou publique.