Alors que le budget de l’eau est autonome, la plupart des collectivités sont incapables de connaitre l’état de leur réseau d’adduction d’eau potable
Chaque année en France 1,3 milliard de mètres cubes d’eau traitée, fuient de réseaux d’adduction en mauvais état. C’est l’équivalent de 432 000 piscines olympiques. Ce sont 20% des volumes payés par les consommateurs qui sont perdus. C’est autant d’énergie, d’équipements, de produits qui sont gaspillés.
Le Syndicat des canalisateurs du Sud Est (1) tire une nouvelle fois le signal d’alarme en rappelant qu’en moyenne seulement 0,6% des réseaux sont renouvelés annuellement. A ce rythme, constate Raymond Midali, président de la Chambre des Canalisateurs du Sud Est, il faudra 170 ans pour le remplacer alors que la durée de vie d’une canalisation varie de 30 à 80 ans. Huit cents millions d’euros sont investis chaque année dans les réseaux du Sud Est, au lieu des 2 milliards d’€ nécessaires.
Une conjoncture difficile
Cette mauvaise gestion accentue une conjoncture difficile pour les entreprises du secteur comme pour toutes les entreprises des travaux publics. En Rhône-Alpes après une baisse de 8% à fin 2013 sur 12 mois glissants le chiffre d’affaires « canalisation » a baissé de 29% ! En 2015, la lisibilité des carnets de commande est en baisse et les demandes d’activité partielle se multiplient de la part des entreprises.
Cette situation est paradoxale, d’abord parce que le budget de l’eau est individualisé. Les réseaux sont gérés dans le cadre du Budget Annexe au budget des collectivités. Il doit être en équilibre et les dépenses de l’eau doivent être couvertes par les recettes de l’eau, pour l’adduction comme pour l’assainissement.
Autre paradoxe, la loi Grenelle 2 a prévu que les collectivités locales ont l’obligation de réaliser les inventaires de leur réseau avant le 31 décembre 2013 pour mettre en place un plan d’action. Alors que l’inventaire est le point de départ de toute bonne gestion, peu d’entre elles l’ont réalisé et une majorité devra s’acquitter du doublement de la redevance au 1er janvier 2016. Mais il n’est pas possible de connaitre les collectivités qui ont réalisé ou pas leur inventaire.
Pour Alain Grizaud, président des Canalisateurs de France, le comportement des collectivités et des services d’eau peut s’expliquer : des champs de compétences eau/assainissement en pleine évolution liés à la réforme territoriale, regroupement des syndicats, transfert des compétences…Pourtant les moyens financiers existent.
Une aide aux collectivités
C’est pourquoi le Syndicat des Canalisateurs a commencé l’envoi aux élus locaux des principales collectivités locales de Rhône-Alpes et PACA d’un Mémento des Solutions Possibles en termes de financement des projets. Il va distribuer à nouveau le Guide pratique des Inventaires des réseaux d’eau et d’assainissement réalisé par la profession en 2013. Ce guide détaille : le rendement du réseau de distribution d’eau et les indices de performance, les plans d’actions et de travaux à mettre en place, les quatre étapes de l’inventaire et son calendrier. Pour le financement les Agences de l’eau soutiennent financièrement ces diagnostics jusqu’à’ à 70% du budget global de l’étude.
1) Avec 110 entreprises de toutes tailles, dont 70 en Rhône-Alpes et 40 en Provence Alpes Côte d’Azur, les entreprises adhérentes des Canalisateurs du Sud-Est, avec 20% de l’activité globale Travaux Publics, nous sommes la deuxième activité des Travaux publics, derrière l’industrie routière. En Rhône-Alpes et PACA, l’activité Adduction d’eau-Assainissement représente un chiffre d’affaires de 1,760 milliard € en 2013 pour un total de 12 000 salariés.