Le tribunal administratif de Grenoble ordonne, en référé, la suspension de l’autorisation de la retenue d’altitude sur le plateau de Beauregard à la Clusaz, en Haute-Savoie. Le jugement estime que « l’intérêt public … … d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite. »
Le projet de retenue collinaire sur le territoire de la commune de La Clusaz , en Haute Savoie, était sur la sellette. Malgré les arguments mis en avant par la commune, priorité donnée à l’eau potable en cas de besoin, et besoins de l’agriculture, la logique fondamentale du projet, sécuriser la production de neige artificielle n’a pas échappé aux juges administratif de Grenoble ( Consultez la décision du Tribunal)
Pour Mountain Wilderness, association engagée dans la défense de la montagne, » le signal envoyé aux communes et stations de montagne est sans appel. La production de neige artificielle pour gagner quelques années sur le changement climatique et prolonger le modèle du “tout ski” ne peut pas justifier la destruction d’habitats, d’espaces naturels et d’espèces protégées. » On peut aussi commenter que la production de neige artificielle, outre sa dépense énergétique propre, entretient au-delà du raisonnable une industrie des sports d’hiver, très consommatrice d’énergie, très émettrice de gaz à effet de serre. Les trois quarts de l’impact carbone du » ski », sont attribuables aux émissions dues au déplacement des » skieurs » de leur domicile aux stations.
Un soulagement
« C’est un soulagement pour l’ensemble des associations, collectifs et habitants investis depuis deux ans contre ce projet, alors que les travaux étaient imminents. Le dossier pourra maintenant être étudié en détail par la justice, afin d’aboutir à un jugement au fond sur l’ensemble des points contestés par les associations. » estime Mountain Wilderness.
Ce projet de retenue d’altitude est une preuve du refus de responsables des territoires de montagne au changement climatique. » Miser uniquement sur un prélèvement accru de la ressource en eau pour faire perdurer le loisir du ski sans rechercher de solutions alternatives, le tout en sacrifiant zones humides, faune, flore et espaces d’exception dont la destruction est irréversible et inacceptable. »
Ouvrir enfin le débat
Pour Mountain Wilderness la décision de justice » doit être l’occasion d’ouvrir le débat nécessaire et urgent autour de l’avenir de nos territoires de montagne et de la ressource en eau, avec l’ensemble des acteurs : élus, citoyens, associations, entreprises, monde agricole, administrations territoriales. Ces projets sont source de divisions, de conflits et, compte-tenu de leurs coûts financiers et écologiques, ne peuvent plus faire l’économie d’une réelle concertation démocratique en amont de leur conception. « Mountain Wilderness France rappelle la nécessité de porter un moratoire sur de nouveaux aménagements en montagne, qui sont parmi les derniers espaces sauvages de la planète.