Il y a deux ans, le 16 juillet 2008, le Premier Ministre François Fillon signait le décret déclarant le projet d’autoroute A45 entre Saint-Etienne d’utilité publique. Aurait dû suivre ensuite la mise en concession, avec le lancement par l’Etat d’un appel d’offre européen pour désigner un concessionnaire chargé de construire puis d’exploiter cette future autoroute à péage. Aujourd’hui, sur le site web officiel de l’A45 géré par la Direction Régionale de l’Environnement, l’Aménagement et du Logement (DREAL) Rhône-Alpes, figure toujours la mention : “Pour l’A45, la date projetée de désignation du concessionnaire est 2008-2009”
Mais depuis la signature de la DUP, rien n’a bougé. Hormis à l’automne 2009 un courrier du Ministre d’Etat Jean-Louis Borloo adressé aux collectivités concernées par cet équipement (1) pour leur demander de mettre la main à la poche, sous la forme d’un engagement sur une éventuelle subvention d’équilibre au projet, d’un maximum de 720 millions d’euros, à partager entre l’Etat et les dites collectivités. Sachant que le cout total du projet A45 est estimé à environ 1,2 milliard d’euros. Suite à ce courrier, et malgré cette addition plutôt salée (2) , le 29 janvier 2010 les représentants des collectivités réunis par le Préfet de Région donnaient leur accord de principe à cette participation financière, au cas où la concession ne permettrait pas de couvrir les frais de l’opération.
Enième courrier à Jean-Louis Borloo
Mais depuis Jean-Louis Borloo n’a toujours pas lancé l’appel d’offre. Si cette situation d’immobilisme convient parfaitement aux opposants au projet, nombreux dans les coteaux de la vallée du Gier et dans certaines communes de la couronnes stéphanoise touchées par le tracé, les élus ligériens et les forces économiques de Loire sud (chambres consulaires, chefs d’entreprises…) s’impatientent et multiplient les courriers au ministre. Le dernier est parti il y a quelques jours , signé par Maurice Vincent, maire (PS) de Saint-Etienne et président de Saint-Etienne Métropole.
Estimant qu’aujourd’hui plus rien ne fait obstacle au lancement de la consultation des candidats à la concession “excepté apparemment l’Etat”, l’élu souligne que la situation économique et industrielle très dégradée de Loire-Sud est due en grande partie à des problèmes d’accessibilité du territoire, et que cela nécessite un soutien fort de l’Etat , notamment à travers la poursuite du projet A45.
Et Maurice Vincent se dit prêt à “frapper un grand coup si nécessaire”, et si aucune réponse positive n’est donnée par le Ministre, il annonce qu’il appellera tous les élus de Loire-Sud à une manifestation en septembre à Paris afin d’aller réclamer l’A45 sous les fenêtres du Gouvernement.
H.C. / henricolomb@yahoo.fr
(1) Communauté d’agglomération de Saint-Etienne Métropole, Grand Lyon, Conseils généraux de la Loire et du Rhône et Conseil régional Rhône-Alpes.
(2) Pendant des années, le projet a été systématiquement présenté par ses partisans , élus ou décideurs économiques, comme “un projet qui ne couterait rien aux contribuable, puisque concédé au privé”. On voit bien aujourd’hui que la donne a changé, de plus au moment où toutes les collectivités locales connaissent des difficultés et des incertitudes pour boucler leurs budgets des années à venir.