Pour l’ARDSL ( Association Rail Savoie Léman) , qui défend en priorité le transport de voyageurs, le choix de l’Etat en faveur des accès » grand gabarit » au tunnel transalpin, présente plusieurs inconvénients.
Le scénario « Grand Gabarit » serait, pour l’ARDSL le plus difficile à financer car plusieurs collectivités locales ne participeront pas à son financement n’étant pas directement concernées par le fret ce qui retarderait sa réalisation. Le scénario présenterait aussi un risque juridique en étant en contradiction avec le planning de la déclaration d’utilité publique (DUP), ce qui pourrait alimenter des recours juridiques générateurs de retards dans la réalisation.
Mais surtout, pour l’association son intérêt est très limité pour les voyageurs , avec un gain de temps restreint pour une ligne nouvelle mixte sur le seul tronçon de 35 km entre Grenay et La Tour-du-Pin. Seules les liaisons entre Lyon et Grenoble d’une part (à condition de ne plus desservir Bourgoin et La Tour-du-Pin) et entre Lyon et les villes de Bourgoin et La Tour du Pin (cadencement possible au ¼ d’heure, avec mise à 4 voies de la section Lyon – Grenay) seront gagnantes.
Pas d’amélioration pour le report modal des voyageurs
Le scénario à « grand gabarit » n’améliore pas fondamentalement les liaisons grande vitesse et TER avec les Savoie (Chambéry, puis Annecy, Aix, Chambéry ) alors que « le report modal pour les voyageurs, un impératif aussi important que pour le fret. » Le report modal, qui consiste à transférer les déplacements de la route vers le rail, s’impose pour le fret, en particulier dans les vallées alpines, avec les trop nombreux poids-lourds qui les empruntent. Mais le report de la voiture individuelle vers le rail est encore plus nécessaire tant la pollution, les encombrements, les gaz à effets de serre et les besoins des usagers nécessitent une amélioration de l’attractivité des transports publics dans les Alpes que ce soit pour les TER ou les trains à grande vitesse. »
» Passer à côté de cette exigence avec un scénario réservé au fret, c’est condamner les Alpes à conserver un réseau ferroviaire peu attractif avec des vitesses peu élevées et continuer à encourager les déplacements individuels en voiture qui bénéficient d’un réseau d’autoroutes modernes et ceci au détriment de la planète. »
En compensation du scénario fret à « grand gabarit », le ministre propose d’améliorer la ligne reliant Chambéry à Saint-André-le-Gaz. Mais cette ligne , souligne l’Association, restera limitée à 90 km/h ce qui n’est pas très attractif par rapport à l’autoroute qui autorise 130 km/h, met en avant l’ARDSL qui ne remet pas en cause la vitesse.
» Cette « solution » Saint-André le Gaz-Chambéry, présente l’inconvénient de n’être comprise dans aucun des scénarios des accès français au Lyon – Turin. Cela implique de longues procédures pour aboutir à une déclaration publique et à des travaux impliquant une fermeture de la ligne pendant plusieurs années. Le financement serait à trouver, sans compter sur l’Europe. De plus tous les trains de voyageurs continueront d’emprunter la ligne actuelle reliant Lyon à Grenoble, sur sa section entre La Tour-du-Pin et Saint-Andréle-Gaz, qui affiche déjà une régularité insuffisante. Ce n’est pas avec un tel projet de modernisation que les liaisons ferroviaires bénéficieront d’un saut qualitatif pour proposer une réelle alternative aux transports individuels motorisés. »