Il est possible que le Président de la République ( encore lui, l’Etat c’est lui) acquiesce aux propositions d’un rapport sur les effets de l’addiction aux écrans, remis par des spécialistes , après une demande de l’exécutif.
Il est absolument ahurissant qu’on découvre aujourd’hui le problème, plus exactement la catastrophe sanitaire, psychologique, culturelle, qu’entraine l’addiction, à tous âges, aux écrans. Le plus scandaleux est de dire » maintenant qu’on sait… »
En fait on savait depuis très longtemps. Mais on a accepté. On aurait du, au niveau des pouvoirs publics mettre en oeuvre un principe de précaution sociale, en évaluant il y a un quart de siècle, les dégâts largement prévisibles par le déploiement de technologies non réglementées, dont l’usage est difficile à tracer. Certains se sont mobilisés, avec une courte vue, sur les effets physiques du déploiement du numérique, de la téléphonie mobile, sans mettre en garde contre les usages.
Il aurait fallu encadrer strictement tous les usages, y compris dans les écoles, mais aussi dans les familles. Il fallait contraindre les fournisseurs d’accès, d’abonnements téléphoniques, internet, fibre ou non, à informer les consommateurs , et non pas les pousser à la consommation. Les boutiques et vendeurs doivent avoir une obligation d’information, de mise en garde.
Les applications, sites et autres canaux, devraient obligatoirement et automatiquement, mettre en avant, des consignes sur le bon usage, sur les risques, sur les dangers des excès. C’est ce qui est fait pour d’innombrables produits, accompagnés de notices d’emploi, évoquant la sécurité.
Le rapport préconise d’interdire l’usage des écrans aux moins de 3 ans et de téléphones portables aux moins de 11 ans. La commission d’experts composée de dix membres alerte sur « la réalité de l’hyperconnexion subie des enfants » et « les conséquences pour leur santé, leur développement, leur avenir », mais aussi pour l’avenir « de notre société, notre civilisation ».
Amine Benyamina, professeur de psychiatrie et coprésident du comité d’experts dans un entretien à Ouest-France, cité par le Monde , évoque les « stratégies de captation de l’attention des enfants » et les « biais cognitifs utilisés pour enfermer les enfants sur leurs écrans, les contrôler, les réengager, les monétiser ».
Car évidemment, l’addiction aux écrans a un moteur, toujours le même , sans foi ni loi, considérer toute personne seulement comme un consommateur
Il convient donc que, sans tarder, les pouvoirs publics fassent preuve d’autorité et non pas de laxisme et mettent en place non seulement des règles précises et dures, mais aussi des campagnes fortes notamment sur les médias publics.
Michel Deprost
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