Au moins la moitié des espèces d’insectes se nourrissent de plantes, certaines constituent même une grande menace pour la santé des plantes, cultivées ou non. La protection des plantes qui repose encore surtout sur des produits de synthèse, peut être assurée par des ennemis naturels de ces nuisibles. Mais l’urbanisation des écosystèmes perturbe la régulation naturelle des insectes nuisibles, selon une étude mondiale à laquelle INRAE a pris part, étude dont les résultats sont parus dans Science of the Total Environment.
La gestion possible des rapports entre espèces, la » lutte » biologique est l’un des services essentiels fournis par le maintien d’un niveau optimum de biodiversité. Des « ennemis naturels » , peuvent dans une optique utilitaire humaine, contribuer à limiter les populations d’insectes se nourrissant de plantes, ou ayant besoin d’elles, à un niveau de pression compatible avec les activités agricoles. Coccinelles, guêpes parasitoïdes, araignées, mais aussi des oiseaux sont des prédateurs pour ces nuisibles.
Pour examiner l’impact de l’urbanisation sur ce qui peut être qualifié de » service écosystémique » , une étude a été menée par une équipe internationale réunissant INRAE, le Centre de recherche écologique en Hongrie, et l’Université technique de Munich en Allemagne. Une approche par méta-analyse a permis de synthétiser les résultats de plusieurs articles scientifiques sur la question.
Selon les résultats de 52 études portant sur diverses agglomérations dans le monde, les zones urbaines accroissent de 44% environ l’abondance des insectes piqueurs-suceurs, comme les pucerons et les cochenilles. A l’inverse, le nombre d’ennemis naturels ayant une faible capacité à se disperser y est plus faible.
Plus le niveau d’urbanisation augmente, plus le niveau de contrôle biologique que peuvent fournir les » ennemis naturels » diminue. Dans les villes, les insectes nuisibles, notamment les piqueurs-suceurs, sont moins bien régulés par leurs ennemis naturels. Or ces insectes détériorent fortement l’état des plantes et peuvent rendre les trottoirs ou d’autres surfaces collantes.
Des aménagements aptes à faire revenir la diversité peuvent être mis en place : zones de végétation diversifiée ( herbes hautes, des arbustes et des arbres), tonte occasionnelle laissant toute la biomasse végétale coupée intégralement sur le sol fournissent conditions environnementales favorables pour leurs prédateurs. Les solutions fondées sur la nature* et la réduction de l’artificialisation des sols dans les villes contribuent de manière significative à la restauration des communautés d’insectes et de leurs fonctions écologiques.
* Actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité. (Source UICN)
Référence
Korányi, D., Egerer, M., Rusch, A., Szabó, B. & Batáry, P. (2022) Urbanization hampers biological control of insect pests: A global meta-analysis. Science of the Total Environment 834: 155396. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2022.155396