L’agriculture ne peut être prisonnière d’une vision trop citadine, prisonnière d’une idéologie, développée par les Verts et doit répondre à des besoins plus immédiats : tel est le point de vue développé par les élus du groupe Centre et des élus locaux de sensibilité proche, qui ont visité ce jeudi plusieurs secteurs du Rhône agricole.
Une petite vingtaine d’élus, conseillers généraux, parlementaires, conseillers régionaux se sont retrouvé à Bully, en Beaujolais viticole, avant de se rendre à la SICOLY (Société d’intérêt collectif des Coteaux du Lyonnaise), entreprise spécialisée dans la transformation des fruits, à Saint Laurent d’Agny, au sud ouest de Lyon. Pour Thierry Cornillet, président du groupe Centre et Anne-Marie Comparini, ancienne présidente du Conseil régional le rendez vous a été l’occasion de retrouvailles entre élus issus de l’UDF, séparés depuis deux ans par les fractures entre Modem et Nouveau Centre.
Chute des prix pour le lait
La journée a été l’occasion de d’échanger sur la situation agricole régionale en suggérant des engagements plus forts de la Région en faveur d’une agriculture de production, au-delà de secteur comme l’agriculture biologique ou de l’agriculture dans les parcs naturels régionaux. Joseph Giroud, conseiller régional,par ailleurs président de la Chambre d’Agriculture du Rhône, secrétaire général de l’Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture (APCA) a rappelé la fragilité de plusieurs secteurs dans le département du Rhône qui dispute avec la Drôme, la place de premier département rhônalpin par son chiffre d’affaire agricole. « Le secteur laitier subit les conséquences de l’augmentation des quotas laitiers. Même les producteurs d’Europe de l’Est veulent une maîtrise de la production. Les prix chutent, et s’ils sont de 320 euros les 1000 litres en France, ils sont à 200 euros en Belgique. La viticulture connait aussi de nouveau des difficultés, en raison de la chute des exportations qui représentent 47% des ventes de beaujolais».
Cette conjoncture accentue les fragilités structurelles du secteur agricole. Et les élus centristes imaginent des réponses plus pragmatiques, moins « idéologiques » que les réponses avancées par des élus Verts de la majorité régionale. Pour Joseph Giroud, l’agriculture fait des efforts, mais elle ne doit pas oublier la réalité des marchés, de la demande.
Ecoute des territoires
Les centristes demandent davantage de souplesse, d’écoute des professionnels, d’écoute des territoires dans leur diversité. Ils regrettent l’absence d’une vice-présidence entièrement dédiées à l’agriculture. Pour eux, cette dernière ne saurait être trop regardée sous l’angle environnemental, ou rural. L’agriculture doit conserver une dimension économique pleine et entière.
Ce qui ne signifie pas qu’elle ne doit pas évoluer. Thierry Cornillet note que la Politique Agricole Commune apporte moins d’aide aux « productions » et plus aux « producteurs ». Les centristes, conseillers généraux ou régionaux, voudraient ainsi un soutien plus fort à la sylviculture, à la fonction entretien de l’espace développée par des agriculteurs, dans des zones de déprise profonde comme le Nord du Rhône. Charles Bréchard, vice-président du Conseil général du Rhône chargé de l’environnement tire le signal d’alarme devant la situation de cantons comme ceux du Beaujolais vert. Daniel Martin refuse que le canton de Monsols, dont il est conseiller, soit considéré dans les projets de l’Etat, sans perspective de développement.
Cette politique devrait s’appuyer davantage sur les actions menées par les Départements, et être moins « imposée » par la Région qui devrait s’engager plus fortement en faveur de l’agriculture périurbaine. Paul Delorme, vice-président du Conseil général du Rhône pour l’agriculture, noteque sur 6800 exploitations dans le Rhône, 1200 ont des liens étroits avec l’agglomération lyonnaise où chaque semaine se tiennent 350 marchés.
Circuits courts
Les circuits courts doivent être développés, souligne Anne-Marie Comparini, pour toutes les formes d’agriculture. Le soutien à l’installation doit être encouragé dans tous les secteurs y compris périurbain, pour éviter la disparition irréversible des exploitations. Max Vincent, président du groupe Centre au Grand Lyon, président du Syndicat Mixte des Monts d’Or, rappelle que l’agriculture périurbaine dans ce secteur de l’agglomération lyonnaise a été efficacement soutenue depuis une vingtaine d’années.
Ce surcroit de réalisme les élus du Centre le demande pour que l’agriculture régionale ne subisse pas les évolutions. Un excès de rigidité, une vision trop imposée par la Région seraient lourds de conséquences négatives.