Le préfet de Haute Savoie confirme la nécessité de l’abattage des bouquetins du Bargy. La population vieillissante est en mauvais santé et menace la santés d’autres populations, et celle de bovins. L’Etat a toujours agi en suivant des règles scientifiques, rappelle la préfecture.
Une fois terminée la période de réserve imposée par les élections sénatoriales, le préfet de Haute Savoie a de nouveau communiqué vers la presse sur le dossier de l’abattage de bouquetins atteints de brucellose (ou non) sur le massif du Bargy, en Haute Savoie
La population de bouquetins du massif, rappelle préfecture, est ” malade, vieillissante et dégradée par rapport aux populations des autres massifs”. Ces caractéristiques ont été rappelées par le rapport de l’ANSES de 2013. La prévalence de la brucellose sur bouquetins du Bargy était en 2013 de 38 % et en 2014 de 46%. Pour les animaux de plus de 5 ans) elle était de 56 % et de 41,6 %. Chez les jeunes, la prévalence était de 15 % et elle est cette année de 50 %. La situation des bouquetins du massif du Bargy s’est aggravée chez les jeunes animaux qui n’ont pas fait l’objet des tirs sanitaires organisés en 2013. Seuls les animaux de 5 ans et plus avaient fait l’objet de tirs sanitaires en 2013 ce qui a réduit la prévalence dans cette classe d’âge.
Une maladie très présente
Ce point confirme pour la préfecture la dynamique de la maladie. En 2013, la prévalence chez les bouquetins de moins de 5 ans était de 15 %, alors qu’en 2014, 50 % des bouquetins de cette classe d’âge sont atteints. Le nombre de bouquetins potentiellement positifs est bien moindre qu’en 2013, car le nombre total d’individus a diminué. Les résultats sur les autres massifs des Alpes sont rassurants. Par exemple sur 90 bouquetins testés en 2013 sur les massifs des Aravis et de Sous-Dine, aucun n’est séropositif.
Cette situation justifie pour la préfecture ” d’agir vite pour éviter une propagation sur tous les massifs alpins». ” Même si le bouquetin est une espèce peu mobile, il faut absolument éviter la contamination des autres massifs, qui mettrait en danger tous les bouquetins des Alpes et toute l’économie agricole alpine.”
La brucellose chez l’homme
La préfecture de Haute Savoie rappelle que la brucellose est une maladie transmissible de l’animal à l’homme, due à une bactérie du genre brucella. Cette bactérie est classée dans le groupe III de risque pour l’homme ou l’animal sur une échelle de I à IV, IV étant le niveau le plus élevé.
La contamination est provoquée par l’ingestion de lait cru ou de produits laitiers. La maladie se transmet par contact avec des animaux malades à travers les muqueuses ou la peau en contact avec du sang. C’est une maladie professionnelle. Chez l’homme, la brucellose est un problème de santé publique comme le témoignent les deux infections humaines liées au foyer bovin du Grand Bornand.
Un risque de transmission faible aux bovins
Le risque de transmission aux cheptels domestiques est faible mais pose la question des conséquences pour les cheptels et les filières locales, notamment du fait de la fabrication de fromages au lait cru.
La France bénéficie du statut « officiellement indemne » de brucellose bovine depuis 2005 au sens de la réglementation européenne et n’avait pas eu de cas d’infection chez les ruminants depuis 2003. La présence d’un foyer de brucellose peut mettre en cause ce statut avec des conséquences lourdes pour l’élevage.
10 000 bouquetins dans les Alpes
La population de bouquetins est de l’ordre de 10 000 individus en France, dont 2 000 en Haute-Savoie, dont 300 à 350 pour le Bargy. L’abattage des bouquetins du Bargy ne remettrait pas en cause la conservation de l’espèce.
Le Gouvernement a choisi en en septembre 2013 l’abattage des animaux de plus de cinq ans. Les experts considèrent que l’abattage massif réduirait de façon significative et rapide le risque de transmission de la brucellose aux cheptels domestiques. L’impact de l’abattage partiel des bouquetins de 5 ans et plus était considéré comme immédiat et notable sur la réduction du risque de transmission aux cheptels domestiques.
L’abattage des seuls séropositifs n’apporterait qu’une réduction progressive de l’infection, au prix d’une mobilisation sur plusieurs années de moyens humains et financiers importants. L’ANSES rappelle la dangerosité des opérations de capture, de tirs et de récupération des cadavres en milieu montagnard, notamment en hiver.
C’est pourquoi, l’Etat a décidé début octobre 2013 de procéder à l’abattage des animaux de la classe d’âge dont la prévalence était la plus élevée (56 %), c’est à dire les 5 ans et plus. La préfecture rappelle le nombre d’animaux abattus depuis le début des opérations :
324 dont
•56 séropositifs (après capture)
•8 sur signes cliniques
•9 accidents de capture
•251 de 5 ans et plus dans le cadre de l’arrêté préfectoral du 1er octobre 2013.