Europe Ecologie Verts, critique la réalisation d’une liaison entièrement nouvelle sous les Alpes et insiste sur l’urgence du report modal vers la ligne historique.
Le tunnel de base de la liaison Lyon Turin ne se fera au mieux que dans une douzaine d’années. Les accès français pourraient demander autant de temps, en raison de la situation financière actuelle de la France et de l’Italie. Il n’y a pas urgence pour EELV d’engager le projet Lyon Turin qui empêcherait d’investir dans le reste du réseau, notamment régional. La priorité doit être donnée au transfert de la route vers le rail qui n’avance pas.
Lors d’une conférence de presse organisée lundi à Paris, les élus (députés européen député à l’Assemblée Nationale et élus régionaux) de France et d’Italie ont souligné l’urgence du report modal.
C’est maintenant et pour longtemps que la pollution empoisonne les habitants des vallées alpines et les actions pour réduire le transport routier ne sont pas lancées, pour rabattre le trafic sur le rail.
Or, souligne EELV, si la ligne historique Dijon – Ambérieu – Culoz – Chambéry – Modane – tunnel du Mont- Cenis – Italie a été modernisée entre 2003 et la fin 2010 . De 500 à 600 millions ont été investis pour une mise au gabarit GB1 de la ligne pour qu’elle puisse transporter des remorques hautes. Sa capacité théorique se situe entre 15 Mt et 17 Mt de marchandises (dans des remorques) par an. La capacité du tunnel du Montcenis est elle de 20 millions de tonnes, sans trop de contraintes d’exploitation, est largement suffisante pour absorber une croissance du fret ferroviaire pendant des années.
Plusieurs autres actions devraient être mise en place pour renverser la tendance au déclin du fret ferroviaire,enregistrée en France. Pour EELV, le Contournement Ferroviaire de l’Agglomération lyonnaise (CFAL) repoussé au-delà de 2030 par la commission Mobilité 21 et le Gouvernement (2013) est bien plus prioritaire qu’un second tunnel sous les Alpes, y compris pour favoriser l’essor du fret ferroviaire vers l’Italie.
Allonger l’Autoroute Ferroviaire alpine ( AFA)
Europe Ecologie les Verts met en avant la nécessité d’allonger l’Autoroute Ferroviaire Alpine qui d’Aiton en Savoie à Orbassano en Italie, a transporté 31 616 semi-remorques en 2013, soit plus 23% par rapport à 2012. La première année d’exploitation sans restriction de dimension, a montré les limites du système, déjà soulignées lors de la phase d’expérimentation entre 2003 et 2007.
L’AFA actuelle propose un parcours limité à 175 km et seulement quatre allers-retours quotidiens ce qui n’est pas intéressant pour les transporteurs. Il faudrait allonger l’AFA jusqu’à Ambérieu et des services pourraient même partir de Dijon. Les gouvernements successifs promettent cet allongement depuis 10 ans sans la moindre concrétisation.
Réguler le transport routier
Le transfert modal ne peut se développer que si le fret routier est régulé alors qu’il bénéficie pour le moment de conditions privilégiées. Une éco-redevance poids lourds devrait être mise en place sur le réseau non concédé , hors des autoroutes de chaque côté des Alpes.
Une « bourse de transit » pourrait être mise en place sur l’ensemble des points de passage pour mieux organiser le transport. Il faudrait aussi limiter la charge transportable par camion alors que récemment la France a augmenté la charge autorisée à l’essieu. La circulation de matières dangereuses
par la route devrait être interdite comme celle des véhicules les plus polluants dans les vallées. Les camons de la norme Euro 3 et des normes antérieures, les plus polluants devraient petit à petit être écartés du trafic.
Europe Ecologie les Verts insiste aussi sur la régulation sociale du transport routier, et même sur la mise en place de nouvelles organisations logistiques et industrielles. Ces propositions réalistes, ne sont évidemment pas mises en place et ne sont pas débattues. C’est évidemment regrettable.