Le 4 mai le tribunal judiciaire de Privas a condamné 17 auteurs du chantier sauvage sur le seuil de la Tourasse à Joyeuse à 1000€ d’amende chacun, à payer la remise en état du site, à verser 11 400€ aux trois associations parties civiles et 22 400€ à l’État au titre du préjudice écologique.
France Nature Environnement, Auvergne-Rhône-Alpes, partie civile dans la procédure, se « ‘ félicite que le juge ait retenu la gravité des faits, se réjouit de la remise en état du cours d’eau de la Beaume et compte sur l’EPTB Ardèche pour réaliser cette remise en état dans les meilleurs délais. »
Construit illégalement sur la rivière de la Beaume, affluent de l’Ardèche en 2018, ce seuil est jugé nuisible aux milieux aquatiques. En 2016, à l’initiative du Syndicat de Rivières Beaume Drobie devenu Établissement Public Territorial de Bassin Ardèche Méridionale) et dans une démarche concertée, le seuil de la Tourasse avait été effacé par le Syndicat. Le seuil avait été identifié comme une entrave à la continuité écologique, contribuant à la disparition de la biodiversité en empêchant les espèces aquatiques de circuler et d’accomplir leur cycle de vie.
Au mépris de cette décision plusieurs personnes, dont les 17 prévenus, ont participé à un chantier clandestin de reconstruction du seuil en 2018. Cette reconstruction a entraîné la dégradation des populations d’espèces aquatiques vivant dans la Beaume et l’assèchement du cours d’eau en aval du seuil, le temps que la retenue se remplisse. Ce chantier sauvage participé à la perte de biodiversité des cours d’eau, situation qui perdure d’ailleurs depuis, le seuil n’ayant toujours pas été déconstruit.
Des élus locaux irresponsables
Plusieurs élus locaux ont participé à ce chantier sauvage au détriment du principe démocratique. En décidant unilatéralement de reconstruire le seuil, les élus ils ont » piétiné le travail de concertation des instances décisionnelles de la gestion de l’eau, bloquant toute possibilité de dialogue. » Ces élus inconscients et hors la loi se sont arrogés le droit de privatiser comme bon leur semblaient les usages de l’eau.
Dans un contexte de sécheresse inédite, résultant à la fois d’un manque de précipitations et d’une gestion inadaptée de l’eau disponible, il y a urgence à rendre à nos cours d’eau leur liberté de circulation pour des rivières propres et vivantes. Les espèces aquatiques ont besoin de se déplacer librement tout au long du cours d’eau pour pouvoir rejoindre les différents sites de leur cycle de vie : reproduction, alimentation, croissance.
De plus, en entravant l’écoulement des flux, des zones de stagnation d’eau se créent, entraînant le réchauffement de l’eau. Au-delà d’impacter gravement les espèces aquatiques, ce réchauffement de l’eau favorise la prolifération de cyanobactéries. Elles peuvent être à l’origine d’intoxication chez les humains, constituant un risque important en matière de santé publique. La restauration de la continuité écologique est une condition indispensable à la survie de nos cours d’eau aujourd’hui à bout de souffle, étouffés par les aménagements humains. Le piétinement sauvage des efforts concertés pour assurer cette restauration ne peut être toléré.
Sauvegarder notre patrimoine vivant
La Beaume est labellisée rivière sauvage en amont de Rosière depuis 2016. Elle est riche d’une biodiversité exceptionnelle et présente une grande naturalité. En effaçant le seuil de la Tourasse, la circulation et l’accomplissement du cycle de vie de nos espèces aquatiques telles que l’Apron du Rhône peuvent être rétablies. L’Apron est protégé car en danger critique d’extinction au même titre que le Rhinocéros noir et l’Eléphant d’Asie. » S’inquiéter de la disparition d’animaux exotiques emblématiques est facile, mais la lutte pour la survie de notre patrimoine vivant de proximité et de sa richesse se joue également sur nos territoires. » conclut FNE AuRA.