« Les collectivités peuvent agir sur l’urbanisme et les déplacements » explique en entrée de jeu Marc Baïetto, qui fait état des travaux entrepris dans l’agglomération grenobloise. Le Plan de Déplacements Urbains (PDU) tout d’abord, dont l’objectif était de diminuer la part de la voiture. De fait, elle est passée de 57% à 44% en 10 ans. Le Plan Air Climat est mis en place depuis 7 ans déjà.
Malgré cela dans l’agglomération il est urgent d’agir. Les seuils réglementaires de pollution de l’air sont dépassés en moyenne 50 jours par an. C’est sûrement une des raisons qui porte le président de la Métro « à vouloir faire bouger les lignes » et à passer à la 3e charte du Plan Air Climat, qui sera signée ce mercredi 30 janvier entre 58 partenaires pendant les Assises.
L’énergie devient intelligente grâce au numérique
Sur le premier plateau des Assises animé par Gilles Berhault, président du Comité 21, les participants notent la montée en ligne du numérique. « Grâce au compteur Linky » indique Marc Boillot, directeur Stratégie et Grands Projets d’ERDF « le réseau basse tension -celui des particuliers- ne sera plus aveugle » et Francis Jutand, directeur scientifique de l’Institut Mines Télécom d’ajouter : « Rifkin1 avait raison, mais il minimise trop la part du numérique ». C’est en effet l’information couplée à la distribution de l’énergie qui va rendre le réseau intelligent.
Pas encore de ” business model “
Pour autant les choses ne sont pas simples et plusieurs intervenants s’accordent pour dire que le modèle économique n’est pas encore trouvé. Olivier Sala, directeur général de GEG le dira très simplement : « Qui investit dans les systèmes, qui perçoit et quoi ? » C’est un des problèmes, si la collectivité n’investit pas et ne montre pas l’exemple, cela n’avance pas.
C’est également pour cela qu’on a besoin de démonstrateurs qui permettent de comprendre les mécanismes, comme celui de « Smart Electric Lyon, dont le rôle sera d’éclairer le sujet d’ici 4 ans » annonce Christian Missirian, directeur EDF Commerce Rhône-Alpes Auvergne.
Précarité énergétique et protection de la vie privée
La question sera également de prendre en compte l’utilisateur, c’est ce que rappellera Thierry Saniez, délégué général de la CLCV2. « D’une part ils sont nombreux aujourd’hui à ne plus pouvoir se chauffer décemment, d’autre part ces systèmes intelligents, s’ils donnent naissance à de multiples tarifs, cela va devenir incompréhensible pour l’usager ».
Sans compter également le risque représenté par toutes ces données qui circulent. « Il nous appartient d’en avoir la maîtrise pour obtenir le silence des puces ! » ajoute Bernard Benhamou, délégué aux usages de l’Internet, voulant dire qu’il fallait pouvoir désactiver tous ces capteurs (les puces RFID3), dont nous seront bientôt entourés.
Ce sera un enjeu pour les opérateurs d’établir la confiance.
Le programme des Assises de l’Energie
1 Jeremy Rifkin chercheur et essayiste américain est connu pour ces travaux sur l’évolution des sociétés industrielles et en particulier ce qu’il a apppelé la 3e révolution industrielle, montrant la fusion d’internet et des énergies renouvelables.
2 CLCV : Association nationale de défense des consommateurs et usagers
3 RFID : Radio Frequency IDentification