Les Assises Nationales du Développement Durables se sont achevées ce mercredi après-midi à Lyon, par une séance de restitution à la Bourse du Travail de Lyon, à laquelle ont participé quelque 500 personnes. La séance s’est ouverte par la présentation d’un certain nombre de préconisations retenues lors des ateliers qui avaient travaillé sur les thèmes « changeons d’échelle », “changeons de repères”, “changeons de cap ».
Les préconisations n’ont en elles-mêmes rien d’original dans l’ensemble. Elles reprennent et réaffirment des orientations cohérentes avec les principes du développement durable, mais les expriment avec la force renouvelée par trois journées de discussions.
Dans le domaine des biens communs, Anne Le Strate, présidente d’Eau de Paris, a rappelé l’importance de les maintenir dans la « sphère publique », c’est-à-dire sous le contrôle de l’autorité publique et non pas entièrement liés au fonctionnement du marché. Cette demande vaut pour l’eau, mais aussi pour le logement social qui doit pouvoir bénéficier d’une accession sociale au foncier. Elle vaut pour le secteur de la santé. Des demandes concernent les territoires, qui doivent servir de base au développement. Pas question de laisser des territoires être vidés. Le territoire doit être le cadre dans lequel on pense l’eau, les transports, le logement, mais aussi l’économie dans son ensemble, une économie qui doit être relocalisée, et non pas systématiquement déplacée ou démantelée au gré du marché. Les demandes concernent aussi la formation, la concertation, l’information, la sensibilisation, qui supposent une véritable éducation au développement durable, avec en matière de santé, un accent mis sur la prévention. En matière de logement, une transparence plus grande devrait exister pour le logement social de manière, croit-on comprendre à faciliter l’accès à l’offre. En matière de transports, l’idée originale d’une centrale de mobilité réunissant toute l’offre de transport (au niveau national ?) a été émise. Cette idée complète les démarches de centrales de mobilité locale, qui existent déjà ici ou là. Les propositions sont mêmes « iconoclastes » puisqu’est lancée l’idée de tarifs de transports calqués sur les revenus des usagers.
Repères: mesurer le bien être
Pour les repères, Jean Gadrey professeur d’économie à l’Université de Lille, a présenté les préconisations dans le domaine de l’économie. Il a rappelé l’importance d’indicateurs qui ne prennent pas seulement en compte la création de richesses économiques, mais qui mesure aussi l’évolution du niveau de bien être. De même, il a indiqué des limites au rôle des experts, demandant d’une manière sans doute un peu démagogique que chacun soit considéré comme expert. Il voulait sans doute dire là que chacun a une légitimité à être écouté et entendu, pour ce qui concerne sa propre situation et son avis. En clair, les experts peuvent expliquer, ils ne peuvent imposer.
Jean Gadrey a aussi insisté sur l’importance qui doit être donnée à des repères qui incluent tous les coûts, sur le rôle capital de l’éco-conditionnalité, sur la prise en compte du long terme, sur la place du dialogue, de l’expression y compris dans les médias. En matière économique, il faut évidemment ne pas confondre l’entreprise et les actionnaires, l’activité et les capitaux. Il faut aussi réduire le rôle de la Bourse et lutter contre les « enfers fiscaux ».
Pour le changement d’échelle enfin, Jean Fabre, ancien directeur du Programme des Nations Unies pour le Développement ( PNUD) a invité à prendre en compte les territoires et la mondialisation, mais surtout à changer d’échelle en termes d’action. Il faut « changer l’échelle du courage », c’est-à-dire oser agir différemment, oser changer. Il a souligné l’attente vis-à-vis des élus, qui doivent aider les citoyens à porter des projets, se transformer en “sages-femmes » de la mutation plutôt qu’en freins au changement.
Tout cela lance des pistes, conforte des chemins déjà tracés. Il fallait le redire, le répéter, même si, comme l’a souligné Bruno Charles, vice-président du Grand Lyon chargé de l’environnement, le programme ne fait que reprendre l’esprit de la République.