Thierry Libaert, intervenu vendredi lors de la table ronde d’ouverture du Printemps à Cluny, cadre des Rencontres des pensées écologiques, a mis en garde contre les sondages qui déculpabilisent, contre la publicité qui associe consommation et bonheur. Mais il montre qu’en matière de comportements positifs sur le plan » écologique », l’information ne suffit pas.
Thierry Libaert, est expert en communication des organisations. Il a lui aussi souligné l’insuffisance de l’information seule à prendre en charge le récit écologiste. Les informations scientifiques et techniques sur les menaces, sur les risques, sur ce qu’il faut faire sont depuis longtemps disponibles, mais cela ne suffit pas.
Lors du lancement de la Nouvelle société, par Jacques Chaban-Delmas , premier ministre, en 1969, au début de la présidence de Georges Pompidou, des rapports avaient déjà, sinon tout dit, du moins largement planté le décor des menaces sur l’environnement, sur la pollution , sur la biodiversité. C’est à ce moment qu’a été lancé le premier ministère de le Protection de la Nature et de l’Environnement à part entière, confié à Robert Poujade.
Mais malgré les alertes des scientifiques, malgré le Grenelle de l’Environnement, malgré des grandes messes, malgré les conventions citoyennes, les changements sont désespérément lents…
Qu’est-ce la science de l’information et de la communication peut apporter ?
Tout d’abord, l’étude des mouvements d’opinion, souligne qu’il faut se méfier des sondages… Interrogées, les personnes se disent très préoccupées… … surtout par des préoccupations mondiales, lointaines… dont parlent chaque jour les médias. Mais autour d’elle, dans leur voisinage, rien ne parait catastrophique. Tout ne va pas si mal, pourquoi bouger?
La publicité fait confondre consommation et bonheur
Il faut évidemment aussi se méfier de la publicité, moteur puissant de la surconsommation, de la frustration en empêche d’autant plus de penser la sobriété que la publicité ne se contente pas d’informer, très loin de là. Elle associe fondamentalement la consommation à des images de bonheur.
Mais en même temps, si les grands problèmes sont lointains , abstraits, techniques, les personnes se trouvent finalement peu concernées par l’action. » On constate une inversion des capacités à agir. Si c’est loin, le problème c’est plus tard, mais ce n’est jamais maintenant. Les responsables : ce n’est pas nous, ce sont les entreprises, les politiques, les autres. L’action ce n’est pas ici, ce n’est pas maintenant, ce n’est pas nous. »
Une forte demande
En même temps constate Thierry Libaert, l’aspiration au changement, sur fond d’inquiétude, est réel. » Il y a une forte demande, les citoyens veulent y aller. »
Pour être efficace, il faut suivre quatre objectifs à décliner avec méthode. D’abord, « on informe« . mais il est inutile de diffuser des tonnes de tracts, de dépliants. Il faut suivre » on doit convaincre » par un dialogue continu et adapter. Il faut ensuite travailler au niveau de l’affectif, il faut » donner envie« . Enfin il faut que les connaissances aient un impact comportemental en répondant à des envies ou des besoins. Il ne faut évidemment pas hésiter à montrer l’exemple, montrer qui a fait le premier pas » . L’Université belge de Louvain a mis en avant la dynamique lancée par un habitant qui avait posé de panneau PV sur le toit de sa maison. Petit à petit, il a été imité par des voisins.
