La réouverture aux voyageurs de la ligne ferroviaire de la rive droite du Rhône Lyon-Nîmes, est attendue depuis plusieurs décennies. Faute de coopération entre régions, avec le saucissonnage des responsabilités, l’absence d’approche globale la réouverture traine. Une conférence mettant autour de la tables intercommunalités, habitants, entreprises, Régions, Etat, SNCF, transporteurs serait un moyen de faire avancer le dossier d’une manière cohérente.
Au Teil, dans le sud de l’Ardèche des trains de voyageurs venant de Nîmes arrivent vides, sans aucun voyageur. Ils repartent du Teil, vers le chef-lieu du Gard sans aucun voyageur. Bien sur rassurez-vous tout cela a une explication rationnelle. L’explication n’est pas qu’il n’y pas d’habitants au Teil, près de 9000 âmes. L’explication n’est pas que personne ne voudrait prendre le train pour aller à Bagnols-sur Cèze, à Pont Saint Esprit, et mieux encore à Nîmes, grande ville où se trouvent universités, hôpitaux et de nombreux services dont ont besoin les sud Ardéchois.
L’explication n’est pas non plus qu’il n’y a pas de rails. La voie ferrée qui longe la rive droite du Rhône est en parfait état puisqu’elle est parcourue chaque jour par de lourds trains de marchandises. Des trains qui ne saturent pas l’infrastructure, laissant de nombreux créneaux libres pour de petits trains de TER, tout petits, qui se glisseraient entre les énormes convois. L’explication n’est pas qu’il n’y a pas de gare. La gare du Teil existe.
Une gare fermée
Mais la gare du Teil est fermée et personne, sauf les habitants, ne veut la réveiller, améliorer les quais, mettre quelque distributeurs de billets, aménager quelques places de stationnement, créer des arrêts pour les cars et bus. . Actuellement, fonctionnent cinq aller et retour par jour, dont seulement un Pont St Esprit-Nîmes. Les quatre autres sont entre Avignon et Pont St Esprit. Sans voyageurs, Ardéchois ou autres bien sûr.
La plupart des élus ardéchois soutiennent la réouverture de la gare. Heureusement, depuis 1973, date de la fermeture du trafic voyageurs en Ardèche, les projets de relance du service se sont succédé. L’Ardèche est le seul département de France non sans gare, mais sans train pour les habitants et les autres, en particulier les touristes.
Depuis un quart de siècle les deux Régions Rhône-Alpes et Languedoc Roussillon n’ont pu se mettre d’accord, et d’abord, avant tout travailler pour ranimer la ligne Lyon-Nîmes, sur une rive du fleuve dynamique, en améliorant du même coup la desserte des agglomérations de l’intérieur du Département. L’esprit d’abandon et de renoncement, a gagné pas mal d’élus qui ont accepté que la voiture soit la solution finale. Des collectivités, des intercommunalités se sont approprié les emprises des anciennes voies pour tracer des voies vertes.
Les projets de réouverture du trafic voyageur sur la rive droite du Rhône sont anciens. Les demandes sont été fortes pour le sud, pour lequel l’association CUTPSA (Collectif d’Usagers des Transports Publics Sud Ardèche) suit le dossier. La demande a émergé aussi depuis une vingtaine d’années pour le nord, à l’amont de Tournon vers et Givors..
Les études ont succédé aux promesses, les promesses aux changements de majorités. Des solutions complexes ont émergé, par exemple, créer un rabattement depuis Nîmes vie le Teil vers Valence, pour ne pas continuer vers le Nord, ou depuis le Nord, vers Valence pour ne pas aller vers le Sud.
Succès de la réouverture dans le Gard
La Région Occitanie, très volontariste, pilotée par la socialiste Carole Delga a financé la réouverture de gares dans le Gard, dont Saint Esprit et Bagnols-sur-Cèze. Le vice-président aux mobilités d’Occitanie, Jean-Luc Gibelin, a fait un travail formidable :
« L’intérêt des habitants pour le train dépasse les prévisions » explique Franck Paillier, de l’association CUTPSA. Nul doute que le succès sera au rendez-vous avec la réouverture de la gare du Teil.
Mais cette réouverture nécessite des travaux d’aménagements qui ont un impact environnemental. L’Autorité environnementale ( Ae) a rendu un avis qui impose une étude d’impact environnemental, ce qui entraîne au moins un an et demi de retard.
Le vice-président de la Région Auvergne Rhône -Alpes aux Transports, a annoncé que cet avis de l’Ae, retarde les travaux promis pour 2024. La promesse de Laurent Wauquiez venu à Cruas il y a deux ans, n’est donc pas tenue. Alors qu’Occitanie a fait pression pour accélérer les processus, Auvergne Rhône-Alpes chercherait plutôt à laisser trainer le dossier. La région met aussi en avant que l’Etat ne finance pas comme il le devrait les travaux sur l’infrastructure, qui permettrait de franchir le Rhône.
« Les travaux au Teil sont minimes et la région AURA, si elle avait choisi d’être offensive, plutôt que de se saisir du prétexte pour des raisons manifestement politiciennes, aurait pu obtenir une dérogation pour que les travaux ne soient pas retardés et que la gare du Teil rouvre fin 2024 ! » estime Franck Paillier.
Toujours est-il que les habitants de la rive droite sans gares et sans trains de voyageurs sont condamnés à des trajets en voiture, longs, chers et polluants, et à des trajets en car, aussi longs. Pour se rendre de Privas à Lyon, il faut compter deux heures ou deux heures et demie. Il y a vraiment une France à deux vitesses…