La dernière session du Conseil régional a été l’occasion pour le Rassemblement citoyen, écologiste, solidaire de répéter son désaccord avec un soutien trop massif de la Région à l’économie du ski et à la production de neige artificielle.
La politique de la région en faveur de la montagne est largement orientée vers le tourisme hivernal, donc vers le ski, alors que le changement climatique rend déjà l’enneigement très incertain. C’est ce qu’a rappelé lors de la session plénière de ce jeudi, Corinne Morel Darleux au nom du groupe écologiste RCES.
« Rappelons les chiffres officiels du bilan régional de décembre 2020 : dans le plan Montagne, la neige artificielle a bénéficié de 47,5 M€, l’hébergement c’est 12,6 M€ et l’aide à la diversification pour les petites stations de montagne seulement 3,8 M€ ! » a expliqué l’élue régionale.
Cette dernière souligne que figurent parmi les stations bénéficiaires des mesures d’urgence les clubs de ski de Tignes, Megève ou encore Val-Thorens, « stations nécessiteuses s’il en est… » Une subvention a même été a accordée au club de Courchevel qui, précise l’élue écologiste, a déjà « bénéficié des largesses du milliardaire Jim Ratcliffe pour 17 millions d’euros. » Cette somme a été investie dans un bâtiment neuf et ultra-moderne de 4 500 m² avec casiers chauffés, salles pour les skieurs internationaux et restaurant…
Au détriment d’autres stations
« Était-ce vraiment la priorité de la Région, en pleine crise économique pour des acteurs de la montagne touchés de plein fouet par la pandémie et la fermeture des stations, de financer Courchevel, quand d’autres clubs sportifs et populaires, qui ont le malheur de ne pas être affiliés aux deux grandes fédérations que sont la puissante Fédération Française de Ski (FFS) et la FFCAM, sont purement et simplement écartés du dispositif ? » Les clubs qui ne sont pas affiliés, comme la FSGT, n’ont déjà pas pu profiter des pistes ouvertes dans certaines stations cet hiver, n’ayant pas de licenciés à la FFS, et ont de ce fait perdu un nombre important d’adhérents et donc de licences.
Cette économie du ski n’est pas toujours transparente, déplore RCES. En février 2017, les élus du groupe avaient saisi le Procureur de la République pour soupçon de prise illégale d’intérêts concernant Gilles Chabert, le « Monsieur Montagne » de la Région. L’enquête préliminaire ouverte en mars 2017 est, selon les élus, toujours en cours.
Élu à la région en 2015 Gilles Chabert avait, rappelle l’élue écologiste, démissionné en janvier 2017 de ses fonctions d’administrateur de la Compagnie des Alpes puis quitté en mai 2018 la présidence du Syndicat national des moniteurs du ski français, qui chapeaute les Écoles de Ski Français, lesquelles bénéficient de subventions régionales. Une subvention a été attribuée à l’ESF de Villard-de-Lans – Corrençon-en-Vercors, dont Gilles Chabert était membre. La station iséroise a d’ailleurs reçu, toujours selon la conseillère régionale, plus de 10 % des aides du plan Montagne du Conseil régional. Et la commission permanente de ce vendredi 30 avril devait lui attribuer une aide de 37 546,20 € pour la production de neige artificielle.