L’ASN a classé le 12 octobre au niveau 2 de l’échelle internationale de gravité des événements nucléaires (échelle INES) l’incident déclaré par le CEA ( Commissariat à l’Energie Atomique) le 6 octobre sur l’installation nucléaire Atpu (Atelier de Technologie du Plutonium), de Cadarache. L’ATPU est une installation dont le titulaire de l’autorisation est le CEA et qui est exploitée par AREVA. L’ATPu est en démantèlement. L’atelier a pendant 40 ans produit du combustible MOX pour des réacteurs nucléaires. Le décret du 6 mars 2009 a autorisé la mise à l’arrêt définitif et le démantèlement de l’atelier et AREVA a démarré les opérations pour le déclassement de l’installation. Le démantèlement a été précédé d’une évacuation des rebuts de fabrication issus des activités passées de l’installation. Cette évacuation s’est achevée en juin 2008.
Anomalie dans la déclaration
L’incident est une anomalie dans la déclaration de quantités de plutoniumstockées par le centre. Ces déchets étaient issus des boîtes à gants qui permettent d’accéder de façon sécurisée à une enceinte de confinement où est mise en œuvre de la matière nucléaire. Les quantités de plutonium étaient évalués à environ 8kg pendant la période d’exploitation de l’installation. Les dépôts récupérés sont selon le CEA, de l’ordre de 22kg mais CEA estime que la quantité totale pourrait s’élever à près de 39kg. Une inspection menée le 9 octobre par la délégation de Marseille de l’ASN a confirmé que le CEA connaissait l’incident depuis le mois de juin 2009. Le collège de l’ASN a suspendu les opérations de démantèlement dans l’installation et a soumis leur reprise à son accord préalable.
L’incident n’a eu aucune conséquence sur l’environnement ou sur la santé des personnes. Mais l’ASN estime que la sous-estimation de la quantité de plutonium a réduit fortement les marges de sécurité prévues à la conception pour prévenir un accident de criticité. Le risque de criticité est le risque de démarrage d’une réaction nucléaire en chaîne lorsqu’une masse de matière fissile trop importante est rassemblée au même endroit. En cas de démarrage d’une réaction, les conséquences potentielles pour les travailleurs peuvent être importantes. Pour l’’ASN « l’absence de détection de cette sous-estimation pendant la période d’exploitation de l’installation, ainsi que la déclaration tardive de cet événement, révèlent une lacune dans la culture de sûreté de l’exploitant et de l’opérateur industriel de l’installation».
Plusieurs associations de défense de l’environnement et associations opposées au nucléaire ont fortement critiqué la gestion de l’incident par le CEA et par AREVA.