Campagnol terrestre : les éléveurs ne veulent pas être désarmés

La bromadiolone, un poison destiné à lutter contre le campagnol terrestre, un rongeur qui ravage des prairies, ne pourra plus être utilisée en raison de sa toxicité pour l’homme et de sa non sélectivité. Les syndicats agricoles du Massif Central protestent contre une décision de l’Anses plus rapide que le calendrier initial.

Campagnol ©Sylvouille (CC BY-SA 1.0)

Le 21 février 2020, l’autorisation de mise sur le marché de la bromadiolone a été abrogée par l’Anses. La décision ne laisse que 10 mois, jusqu’en décembre 2020, pour le stockage et l’utilisation des stocks par les professionnels. La Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles d’Auvergne-Rhône-Alpes, réagit.

La campagnol terrestre est un rongeur qui vit sous les prairies. Il se nourrit des racines de tous les végétaux qu’il consomme en abondance. Lorsque les populations pullulent, explique Patrick Bénézit, président de la Fédération, toute l’herbe d’un pâturage peut disparaître, le sol étant mis à nu.

Les troupeaux ne peuvent plus paître sur des terrains appauvris. La situation est particulièrement grave dans des secteurs de moyenne montagne, comme dans le Cantal où Patrick Bénézit est lui-même éleveur.

Lutte obligatoire

Les syndicats agricoles critiquent une « décision prise sans concertation depuis Paris », qu’ils jugent « dramatique pour la lutte contre le campagnol terrestre. » L’espèce fait en effet partie de la liste nationale d’organismes nuisibles réglementés contre lequel la lutte est rendue obligatoire par arrêté interministériel. A ce jour, la bromadiolone est le seul moyen de lutte chimique efficace pour réguler les populations de campagnols terrestres. En raison de sa toxicité, son utilisation est d’ailleurs très encadrée. Problème, elle tue également les prédateurs des campagnols, comme les rapaces ou les renards.

Jusqu’à présent le retrait de la bromadiolone était prévu à horizon fin 2022. Des efforts concertés de tous les acteurs ont été réalisés depuis plusieurs années pour anticiper ce retrait et proposer aux agriculteurs des solutions alternatives. Près d’un million d’euros de fonds publics ont été engagés pour financer des programmes de recherche. Plusieurs solutions sont en cours d’exploration et de mise au point, mais n’aboutiront pas avant 2023.

« Par cette décision précipitée et irresponsable, l’Anses donne un coup d’arrêt à la lutte collective, laissant les agriculteurs totalement démunis face à ce fléau, sans donner le temps aux expérimentations en cours et aux projets de recherche d’arriver sur le terrain pour prendre le relai. Le ministère de l’Agriculture ne propose aucune solution alternative efficace pour pallier l’arrêt brutal de la bromadiolone. Si rien n’est fait, les conséquences pourraient être désastreuses pour les agriculteurs au moment précis où l’effort de lutte devrait être à son maximum, dans un contexte de démarrage des pullulations de campagnol terrestre. »

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