L’unité Environnement-Cancer du Centre Anti Cancer Léon Bérard, à Lyon, publie sur son site internet une synthèse sur les liens entre pesticides et cancer, listant les substances incriminées à divers degrés.
Pour la population générale, en dehors des professionnels de l’agriculture, les sources d’exposition aux pesticides se retrouvent dans l’alimentation, l’eau de consommation, l’air intérieur et extérieur, les sols et les poussières dans les logements. Plusieurs études suggèrent une augmentation du risque de cancers en zone d’épandage de pesticides ou lorsqu’ils sont utilisés à la maison ou au jardin, mais ces études ont besoin d’être confirmées, explique le site de l’unité de recherche.
La situation est différente pour les professionnels. « Certaines études ont montré une augmentation du risque de cancers, tels que des lymphomes non hodgkiniens, tumeurs cérébrales, cancers de la prostate, cancers de l’ovaire, cancers du poumon et mélanomes, pour des niveaux d’exposition professionnelle élevés et pendant de longues périodes. » Mais « le lien causal reste cependant à démontrer, car d’autres facteurs de risque présents en milieu agricole peuvent jouer un rôle dans les associations trouvées (exposition au soleil, à d’autres polluants, contact avec des virus du bétail…) », souligne le site de l’unité Environnement Cancer.
Des études épidémiologiques concernant le risque de cancers en milieu agricole ont été réalisées au niveau mondial depuis trente ans. En France, l’étude nationale Agrican (Agriculture et Cancers) a montré que la santé des salariés et des exploitants agricoles était meilleure que celle du reste de la population. Une partie de ces résultats est confirmée par la cohorte américaine Agricultural Health Study mais une autre partie des résultats reste discutable.
Plusieurs textes réglementaires retiennent un lien de causalité entre certains pesticides et le cancer. Le décret n° 2015-636 du 5 juin 2015 crée un tableau des maladies professionnelles agricoles, relatif aux hémopathies malignes provoquées par les pesticides permettant la prise en charge du lymphome malin non hodgkinien.
Des molécules classées cancérigènes probables ou possibles
Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a évalué et classé une soixantaine de pesticides : l’arsenic est classé cancérogène certain pour l’Homme (groupe 1). L’application d’insecticides non arsenicaux en milieu professionnel, le captafol et le dibromure d’éthylène sont classés comme cancérogènes probables (groupe 2A) et dix-neuf molécules sont classées comme cancérogènes possibles (groupe 2B).
En mars 2015, le glyphosate (herbicide), le malathion et le diazinon (insecticides) ont été classés cancérogènes probables (groupe 2A) et les insecticides tétrachlorvinphos et parathion cancérogènes possibles pour l’homme (groupe 2B).
Le CIRC a classé en octobre 2016 cinq nouvelles substances pesticides : le pentachlorophénol (PCP) (Groupe 1), le 2,4,6-trichlorophénol (TCP) (Groupe 2B), et l’aldrine, le dieldrine, et le 3,3’,4,4’-tétrachloroazobenzène (TCAB) (Groupe 2A).