Le premier ministre a annoncé en fin de semaine dernière le déblocage de 2 milliards d’euros pour baisser de 15 centimes le prix des carburants à la pompe pendant quatre mois à compter du premier avril. Mais la mesure pose d’importantes questions.
Il ne s’agit pas d’une plaisanterie. Au premier avril tous les consommateurs seront remboursés de 15 centimes par litre de carburant acheté. Tous se réjouiront, et la mesure va au moins avoir un impact. Lors de l’élection présidentielle qui suivra de quelques jours, la mesure symbolique atténuera la douleur, elle aura l’effet d’un analgésique.
Il faut dire que les médias insistent traditionnellement sur le poids du poste carburant dans le budget des ménages. Plus on en parle, plus cela fait mal.
Hélas, personne ne pense à suggérer des économies, à promouvoir la sobriété par une réduction de la vitesse, par un usage plus raisonné des véhicules, par le recours à d’autres modes, que sont les transports en commun ou les modes doux.
Mais la mesure comporte de nombreux inconvénients. Elle gomme la promotion de la sobriété. Elle maintient un niveau de consommation aussi élevé que possible, quels que soient les usages.
La mesure est en effet indifférenciée, elle est donc injuste, très injuste. L’effort consenti par l’Etat donnera un coup de pouce à ceux qui en ont vraiment besoin, pour aller chaque jour à leur travail , ou pour travailler, comme c’est le cas d’artisans , de salariés, des entreprises de transport, des pêcheurs.
L’effort bénéficier aussi à tous les usagers qui pourraient réduire leurs déplacements, notamment les déplacements de loisirs, par définition non obligatoires. L’aide bénéficiera donc largement aux gros rouleurs.
Il aurait été judicieux d’adresser l’aide à ceux qui en ont besoin, en ciblant la dimension sociale et économique. L’aide aurait pu être imaginée sous forme de réduction de l’impôt à la source, moyennant fourniture d’une attestation par l’employeur : compliqué, mais rationnel.
Une partie de l »économie réalisée devrait être dès lors affectée à des investissements supplémentaires dédiés à la production d’énergies locales.