EDF est en train de construire sous le réacteur 2 de la centrale de Tricastin, un répartiteur qui doit permettre en cas d’accident gravissime, de répartir le corium en fusion, pour limiter les dommages sur le bâtiment réacteur.
Le corium est un magma métallique et minéral composés d’éléments fondus du cœur d’un réacteur nucléaire en fusion, puis des minéraux qu’il peut absorber lors de son trajet. Le corium peut se former si le cœur du réacteur n’est accidentellement plus refroidi ; la température s’élève alors fortement, au point de faire fondre les éléments qui le constituent.
Au départ du phénomène de fusion du cœur, le corium est constitué du combustible nucléaire, principalement de l’oxyde d’uranium enrichi, des éléments de l’assemblage combustible et des divers équipements du cœur (barres de contrôle, instrumentation. Il peut ensuite contenir des éléments de la paroi de la cuve du réacteur ayant également fondu à son contact. Le corium se forme à environ 3 000 °C, température de fusion de l’oxyde d’uranium.
La formation de corium s’est déjà produite lors d’accidents ayant entraîné une coupure de l’alimentation électrique des pompes du circuit de refroidissement primaire. Cela a notamment été le cas lors des accidents nucléaires les plus graves tels que ceux de Three Mile Island, de Tchernobyl, et de Fukushima.
Un répartiteur sous la cuve du réacteur
Les équipes de la centrale de Tricastin, appuyées par le GMES Bouygues/Endel construisent actuellement un répartiteur de corium sous la cuve du réacteur de l’unité de production n°2. Le réacteur n°1 de la centrale en est déjà équipé. L’Autorité de Sûreté Nucléaire a émis un avis favorable, le 23 février 2021 sur ce dispositif de sûreté supplémentaire, qui fait partie des modifications proposées par EDF dans le cadre des 4e réexamens périodiques de sûreté des réacteurs 900 MWe.
Le répartiteur de corium contiendra les matières radioactives « corium » en cas de fusion des assemblages combustibles en situation d’accident grave. Le répartiteur permet, en étalant le corium, d’assurer le maintien de l’intégrité du radier, la dalle inférieure de l’enceinte du réacteur. S’il n’est pas refroidi, le corium peut en effet ronger le fond de la cuve du réacteur puis la dalle de béton de l’enceinte du réacteur. Ce bac étanche permettra de recueillir et d’étaler le corium sous la cuve afin de faciliter son refroidissement.
La première étape de construction importante a été réussie le 23 mars. Les équipes ont injecté du béton pendant 7 heures non-stop. L’étape de coulage du béton doit se faire en une seule fois sans interruption pour des raisons techniques de jonction, d’étalement et d’homogénéité du béton. Le béton doit être coulé « frais sur frais ». Cela permet de constituer une barrière étanche d’un seul tenant. Des carottages et deux forages de près de 7 mètres chacun avait été réalisés en amont.
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