Depuis le 25 novembre, les quatre diesels d’ultime secours (DUS) de la centrale nucléaire du Bugey, dans l’Ain, sont opérationnels. L’investissement de 145 millions d’euros représente une étape majeure du programme post-Fukushima débuté à Bugey en 2016.
Une centrale nucléaire produit de l’électricité. Elle a aussi besoin d’électricité pour fonctionner, en particulier pour actionner le système de pompes qui permet au circuit primaire de transférer l’énergie produite par le réacteur au circuit secondaire (ce dernier est sans contact avec le réacteur) qui lui-même va la transférer aux générateurs de vapeur, cette dernière permettant d’entraîner les alternateurs. Or, un incident sur la centrale pourrait empêcher la fourniture d’électricité pour alimenter ces pompes. C’est ce qui s’était passé lors de la catastrophe de Fukushima.
Dans les centrales nucléaires françaises, des groupes électrogènes ont toujours été installés pour pallier ces incidents. Mais pour accroître la sécurité, les programmes Fukushima ont prévu la mise en place de Diesels d’ultime secours (DUS). Ces derniers doivent permettre de disposer d’une alimentation électrique supplémentaire en cas de défaillance des quatre alimentations électriques externes et internes déjà existantes sur chaque réacteur. L’installation, dans des bâtiments bunkérisés, de ces nouveaux groupes électrogènes de 4000 cv et délivrant une puissance électrique de 3 MW permettrait notamment, en cas de perte totale des alimentations électriques, de rétablir le fonctionnement des systèmes requis pour le refroidissement du cœur du réacteur. Avec près de 120 000 litres de réserve de carburant chacun, les DUS pourraient assurer en toute autonomie leur fonction d’alimentation électrique pendant 72 h.
Un chantier d’envergure
Les DUS de Bugey représentent un investissement d’environ 145 millions d’euros. Chaque bâtiment mesure 27 mètres de long, 12 mètres de large et 26 mètres de hauteur. Chaque bâtiment représente 340 tonnes d’acier et 1800 m3 de béton. Les activités de génie civil principal ont fait appel à plusieurs entreprises locales (les coulages bétons ont par exemple été confiés aux cimenteries de Meximieux et Ambérieu en Bugey). Chaque bâtiment est coiffé de deux charpentes métalliques anti-tornade pesant respectivement 44 et 68 tonnes et capables de résister à des vents de 300 km/h. Les activités de raccordement de ces équipements aux unités de production ont également nécessité d’important travaux de voirie et réseaux : plus de 800 m de tranchées ont ainsi été creusés et 21 km de fourreaux ont été installés pour abriter les différents câbles (électriques, informatiques…). Au pic des activités, les travaux DUS auront vu intervenir plus d’une centaine d’intervenants.