La station de sport d’hiver de Chamrousse, au dessus de Grenoble est exposée aux effets du changement climatique sur l’enneigement, donc sur la pratique du ski. Dans le cadre d’une enquête nationale des juridictions financières relative aux acteurs publics locaux du tourisme hivernal face au changement climatique, la Chambre régionale des Comptes d’Auvergne Rhône-Alpes a publié un rapport d’observations des comptes et de la gestion de la commune de Chamrousse ,en Isère, et de la régie de remontées mécaniques .
En agglomération de Grenoble, au sud du massif de Belledonne, la commune de Chamrousse a été créée par arrêté préfectoral du 17 février 1989 à partir de portions des territoires des communes de Saint-Martin-d’Uriage, Séchilienne et Vaulnaveys-le-Haut. La commune de Chamrousse comprend l’intégralité des domaines skiables, alpin et nordique, de la station du même nom. La commune est membre de la communauté de communes Le Grésivaudan (CCG) qui a repris la compétence de gestion de certains domaines skiables notamment les stations des Sept-Laux et du Collet-d’Allevard. Mais la communauté de communes n’a pas repris la gestion du domaine de Chamrousse qui reste de compétence communale.
Le domaine skiable exploité par la régie communale est commercialisé sous le nom « Chamrousse Alpine Park ». Il s’étage entre 1 400 et 2 250 mètres d’altitude. Il comprend 41 pistes pour 138 hectares damés, présentant une capacité de 3 200 à 5 400 skieurs sur les pistes
avec un débit équivalent à 25 000 à 43 000 skieurs par heure. Sur un versant unique du massif de Belledonne, orienté à l’ouest, le domaine a pour particularité une faible plage de dénivelé, avec peu de pentes fortes
La Régie des Remontées Mécaniques de Chamrousse (RRMC), établissement public rattaché à la commune, exploite le domaine skiable, grâce notamment à 206 canons à neige assurant l’exploitation de près de 45 % de la surface des pistes. Avec un nombre de journées skieurs stable depuis la saison 2010/2011, le chiffre d’affaires est en croissance, porté par la saison d’hiver représentant de 95 à 97 % des recettes totales de la régie. Le modèle économique de la station reste néanmoins largement dépendant de l’activité de ski alpin qui génère un chiffre d’affaires annuel dont plus de la moitié est réalisée sur seulement six des 24 semaines d’ouverture du domaine skiable. Cette concentration sur quelques semaines accentue la grande sensibilité du modèle économique aux épisodes météorologiques défavorables s’ils surviennent pendant cette période, malgré un recours à la neige artificielle. La station de Chamrousse, bénéficie tout de même de sa grande proximité de Métropole de Grenoble, à ses pieds, puisqu’elle est même accessible depuis la gare de cette dernière, par le réseau de transports en commun de l’agglomération.
Malgré cet atout sur le plan de la mobilité, les effets du changement climatique fragilisent le modèle de la station en réduisant l’enneigement naturel. Le modèle prospectif de la régie intègre cependant des hypothèses favorables de hausse de la fréquentation et d’une politique de hausse annuelle des tarifs qui permet d’absorber les épisodes défavorables, lorsqu’ils se produisent tous les quatre ans. Toutefois, la fréquentation pourrait être fortement impactée par le manque d’enneigement ou du moins, la moindre qualité de service offert dans le cas où le domaine reste praticable mais dans des conditions dégradées.
L’équilibre financier de la station pris largement, dans un périmètre associant commune et régie des remontées mécaniques, ne permettrait pas d’absorber une dégradation des résultats d’exploitation du domaine skiable liée au changement climatique. « A l’échéance 2050, alerte le rapport de la Chambre régionale des Comptes », la station doit préparer les conditions d’une mutation de son modèle économique, pour le rendre beaucoup moins dépendant du ski alpin. A cet égard, la proximité du bassin de vie important (l’agglomération grenobloise) et l’appartenance à la communauté de communes Le Grésivaudan, disposant de ressources fiscales importantes, sont des atouts que Chamrousse pourrait utiliser pour créer les conditions d’une transition vers un autre modèle touristique plus équilibré. »
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