La présentation d’un nouveau plastique recyclable par ARKEMA montre le potentiel de la chimie. Mais l’industrie française de la chimie et des matériaux doit être soutenue sur des marchés mondiaux très concurrentiels. L’innovation ne suffit pas, il faut produire en France. Le Comité stratégique de filière présidé ce jeudi à Pierre Bénite par Emmanuel Macron trace des pistes.
Les objectifs de la presse étaient braqués sur Emmanuel Macron. Les micros ont interrogé le ministre de l’Economie sur sa situation fiscale et le paiement de l’impôt sur la fortune. Ce jeudi en fin de matinée, sur le site ARKEMA de Pierre Bénite (Rhône), les travaux du Comité stratégique de la filière « chimie et matériaux » sont parfois passés au second plan.
Pourtant ce comité stratégique national, a permis de faire le point sur un secteur dont les enjeux rejoignent ceux de l’énergie et de l’environnement. La chimie, ce sont aussi des solutions comme le plastique Elium pour lequel le premier groupe chimique français indépendant a été récompensé. La chimie a rappelé Emmanuel Macron est un secteur clé de l’industrie nationale.
Mais la chimie française a fort à faire pour défendre ses positions ont rappelé les représentants des entreprises. La chimie française a une force, sa capacité d’innovation, confortée par le Crédit Impôt recherche. La chimie et la filière matériaux ont leur son point faible. Les industries chimiques sont reconnues comme électro intensives ou gaz intensives, car il faut beaucoup d’énergie pour casser des molécules ou assemble des atomes. Le marché français du gaz est encore coupé en deux zones, la zone sud paye le gaz pus cher que la zone nord.
Les entreprises doivent aussi surmonter encore beaucoup d’obstacles sur le plan de la logistique. En ce moment, bien sûr avec le blocage des raffineries, dépôts et ports. Mais fondamentalement, la chimie a besoin de transports efficaces. Jean Pelin, directeur général de l’Union des Industries Chimiques (UIC) rappelle la demande du secteur d’un meilleur traitement des wagons isolés et de facilités pour les camions de 44 tonnes.
Gagner en efficacité
Les entreprises de la chimie ont besoin aussi de gagner en efficacité en modernisant le fonctionnement des plates formes chimiques. Jadis, des vastes plates-formes étaient occupées par de grands groupes, par exemple Rhône-Poulenc. Aux groupes ont succédé des entreprises qui en ont repris certaines activités et des entreprises entièrement nouvelles. Si les Plans de Prévention des Risques technologiques (PPRT) sont généralement appliqués, les plates-formes chimiques doivent gagner en efficacité, avec par exemple des achats groupés d’énergie.
La chimie française demande aussi moins de complexité administrative. Le secteur voudrait que les directives européennes soient transcrites sans surimposition de règles supplémentaires, rappelle Jean Pelin. Les Pays-Bas, transcrivent les Directives européennes sans y ajouter de règles nationales, et l’Allemagne suit en gros la même logique. En France, les Directives deviennent des lois qui imposent des contraintes onéreuses.
Le Règlement REACH lui-même est souvent interprété de manière tatillonne. Ainsi, dans le secteur de la pharmacie, où les étapes de transformation sont nombreuses, une interprétation extrême demande à des entreprises d’enregistrer les molécules obtenues en cours de fabrication. Ce coût supplémentaire est susceptible de pousser des entreprises à déplacer des fabrications en Allemagne où REACH est appliqué simplement. L’innovation ne suffit pas, il faut aussi produire dans l’Hexagone.