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Climat : « N’attendez pas tout de l’Etat, comme nous, agissez ! »

A l’occasion de sa traditionnelle cérémonie des vœux, CNR a lancé, par la voix de sa présidente Elisabeth Ayrault, une nouvelle alerte sur les périls qui menacent les fleuves et l’Homme, ainsi qu’un appel à l’action et aux prises de responsabilités individuelles.

« Les Etats ne peuvent pas grand-chose si les entreprises et les citoyens ne se prennent pas en charge pour changer de mode de vie » – Elisabeth Ayrault, Présidente de CNR. ©B.Mortgat

Elisabeth Ayrault avait déjà, l’année dernière, fait part de son inquiétude face au changement climatique et au manque d’eau, étayée par les observations quotidiennes des équipes de CNR sur le Rhône.

« Mais rien ne s’est arrangé depuis l’année dernière, c’est même pire sur certains continents », avertit la présidente, fustigeant l’attitude « des pays développés qui ont encore les moyens de fermer les yeux sur la réalité ».

Nombreux faits concrets

Mais même l’aveuglement a ses limites. Elisabeth Ayrault a rappelé de nombreux faits concrets qu’il devient impossible de nier, même sous nos latitudes : «  2019 a été la deuxième année la plus chaude enregistrée depuis 1850. A Vérargues dans l’Hérault, il a fait 46 °C cet été. Un record qui risque de ne rien avoir d’exceptionnel lorsqu’on sait que le top 5 des années les plus chaudes se situe dans les 10 dernières années et que chaque décennie est plus chaude que la précédente depuis 30 ans. »

En Australie, c’est un continent entier qui brûle. « Mais ce qu’il faut réaliser, c’est qu’avant de brûler, l’Australie avait enchaîné les années les plus sèches de son Histoire ». La frénésie médiatique qui entoure ces incendies nous fait par ailleurs oublier que des feux de forêts dévastateurs ont aussi touché l’Amérique du Sud, la Sibérie, l’Indonésie et l’Alaska, que des pays d’Asie du Sud-Est et d’Amérique centrale ont vécu des périodes dramatiques de sécheresse, pendant qu’à l’inverse, l’Iran, l’Argentine, l’Uruguay vivaient des inondations catastrophiques.

La France n’est pas épargnée avec la multiplication des épisodes météorologiques violents : orages de grêle, sécheresses intenses suivies de pluies diluviennes…

Le Rhône continue de subir les changements constatés depuis quelques années. A un déficit d’eau important jusqu’à début octobre ont succédé des pluies abondantes qui ont permis à CNR de produire à peu près la moyenne attendue. « Mais retenez une chose : les moyennes ne traduisent plus un débit régulier », prévient Elisabeth Ayrault. Selon les études de l’Agence de l’Eau, d’ici 2050, le débit du Rhône va être réduit de façon certaine de 10 à 40 %.

Responsabilité humaine

Parlant des causes, la présidente de CNR insiste sur la responsabilité des activités humaine : « la déforestation, la pollution de nos fleuves et de nos océans, notamment par les plastiques, l’artificialisation et la stérilisation de nos sols détruisent tout aussi systématiquement notre environnement que les émissions de CO2 ».

Elle en appelle à l’action de chacun sans tout attendre des Etats. « Les Etats ne peuvent pas grand-chose si les entreprises et les citoyens ne se prennent pas en charge pour changer de mode de vie ».

Etre un acteur

CNR entend pour sa part être un acteur de la lutte contre le changement climatique et la crise écologique. Elle a commencé depuis une dizaine d’années à diversifier sa production d’énergies renouvelables avec le solaire et l’éolien, puis en explorant plusieurs formes de stockage : hydrogène, batteries, pour mieux valoriser son énergie verte.

Elle investit également dans la biodiversité, accompagnée par l’Agence de l’Eau dans une réhabilitation très réussie d’anciens bras du fleuve. « Nous présenterons ces actions au congrès mondial de l’UICN à Marseille en juin, et à la COP 15 biodiversité à Kunming en octobre », a indiqué Elisabeth Ayrault.

Autre action phare, les initiatives pour l’avenir des grands fleuves (IAGF) ont été lancées en 2014, en vue de permettre aux parties prenantes des différents fleuves de dialoguer et partager leurs problèmes et leurs solutions. « Encore aujourd’hui, les fleuves n’existent pas dans les discours sur le changement climatique : on ne parle que de l’air et des océans, constate Elisabeth Ayrault. Et pourtant tous les spécialistes s’accordent à dire que des guerres de l’eau sont en gestation, que les ressources en eau douce, de plus en plus mal réparties sur la planète, vont provoquer des luttes de pouvoir et des déplacements massifs de populations. » Pour chacun des sujets abordés, CNR apporte sa vision de gestionnaire global des enjeux d’un fleuve et propose des solutions, partagées, voire mises en oeuvre par les autorités locales.

S’estimant plus lucide que catastrophiste, la présidente de l’entreprise conclut par un dernier avertissement : « Ce n’est pas la planète qui est en danger, c’est l’Homme ».

A bon entendeur…

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