Donner de la confiture à des cochons: le proverbe signifie gaspiller. Donner de la compote à des cochons peut être une excellente recette écoindustrielle. C’est celle qu’a mise au point l’entreprise Hero France, filiale du groupe suisse Hero, spécialisé dans la fabrication de desserts à base de fruits. L’opération a été primée par l’ADEME au niveau national, dans le cadre de l’opération ” Déchets: – 10%” parce qu’elle a permis une excellente communication dans l’entreprise. Mais elle est intéressante sur le plan technique.
Pommes et poires
L’entreprise Hero qui emploie 150 salariés à Allex, au sud de Valence, ne transforme pas des scoubidous mais des pommes et des poires pour proposer des compotes, voire des desserts pour enfants enrichis avec du lait. ” La transformation des fruits produits des déchets, la peau, les pépins, explique Fréderic Jean, responsable environnement et sécurité de la société. Longtemps, ces déchets ont été préparés pour l’ensilage et ce n’était pas des porcs mais des vaches qui s’en régalaient. Certains résidus pouvaient partir pour le compostage. Hero, certifié ISO 14001 récupérait aussi d’autres déchets: le contenu de boites impropres à la consommation ‘( déformées, mal étiquetées, périmées) qui étaient écrasées. Etait aussi récupéré le produit du lavage des installations. ” Quand on change de fruit, on nettoie les tuyaux à l’eau” explique Frédéric Jean.
Station d’épuration propre
L’entreprise a engagé en 2004 une action pour valoriser tous des déchets. Elle est équipée de sa propre station d’épuration pour ne pas rejeter dans le réseau collectif des quantités de déchets, même fermentescibles, susceptibles de perturber le fonctionnement de la station d’épuration publique. L’action impulsée par Frédéric Jean a consisté à trouver de nouveaux débouchés.
Les déchets de fruits sont désormais récupérés dans des cuves où ils sont traités pour ne pas partir en fermentation et produire de l’alcool. Ils sont filtrés, épurés de débris divers. Et un éleveur proche a été approché pour voir s’il accepterait de nourrir ses porcs avec des déchets de compote. ” Il a fallu étudier de près cette nourriture, explique Frédéric Jean. Une alimentation trop riche fait que les porcs mangent moins d’autres aliments, or l’éleveur veut assurer une croissance quand même rapide”
C’est donc un équilibre de déchets et d’eau qui est livré à la porcherie à huit kilomètres. L’investissement dans le matériel de livraison et de distribution de la ” compote” très liquide a coûté 65 000 euros, payés par Hero. Le retour sur investissement sera rapide pour l’entreprise qui n’aura pas à payer pour évacuer autrement ses déchets. L’éleveur ne paie rien. Un second éleveur s’est dit intéressé. Ses cochons auront bientôt aussi non pas à de la confiture, mais à de la ” compote”…