La liaison européenne Transalpine n’a pas bonne presse à Paris. Elle n’a pas bonne presse dans les ministères, à Bercy, au Ministère des Transports, où l’on freine des quatre fers pour repousser comme d’autres projets, la réalisation des accès français au tunnel de base international.
A défaut d’enterrer le tunnel, Paris traine les pieds pour financer l’ouvrage d’art, malgré les aides européennes. Sur le fond, Paris (puisqu’il faut parler de Paris) n’exprime aucun enthousiasme, aucune urgence, ni même aucun calendrier, pour le tunnel.
Et pour les accès, Paris juge qu’un lifting de la voie actuelle, qui passe par Ambérieu-en-Bugey et longe le lac du Bourget, est suffisant. Au grand désespoir des défenseurs du plus grand lac naturel de France. Que la ligne passe au large de Lyon et au large des flux d’Europe du sud n’émeut pas les sphères parisiennes qui financent sans hésitation les quelque 35 milliards d’euros du Grand Paris.
Information nationale tronquée
La liaison Lyon-Turin n’a pas bonne presse dans les médias parisiens…. …qui sont des médias d’audience nationale. Soit elle n’existe pas, soit elle est caricaturée.
Une radio publique n’a évoqué sur le dossier, il y a quelques jours, que les conclusions d’un groupe d’experts italiens proches de Cinq Etoile, faisant état d’un déficit de 7 milliards d’euros pour la liaison transalpine. Ces conclusions ont été largement critiquées en Italie même, mais en vain pour les citoyens français. La liaison européenne transalpine est un sujet périphérique qui ne concerne qu’une Italie souvent méprisée.
Sur une chaine de télévision publique, un document de synthèse a présenté le tunnel (vieilles images à l’appui) comme un projet d’entreprises et d’ingénieurs, tout juste bon à être laissé aux oubliettes… Le message suggéré était clair : le débat sur le Lyon-Turin est clos.
Il s’agit bien en France de décoloniser les esprits, notamment au niveau de l’information. Il s’agit de s’affranchir de cette servitude volontaire qui consiste à s’interdire de critiquer avec raison, des décisions parisiennes.
C’est évidemment le rôle des médias en Région de montrer leur expertise dans l’enrichissement du débat public. En Auvergne-Rhône-Alpes, les élus doivent défendre l’aménagement du territoire national, sans attendre les oukases de Paris. Sans doute pour un dossier comme Lyon-Turin, faut-il associer d’autres régions.
Le débat régional, doit aussi porter des avis sur les aménagements, sur les investissements en Ile de France, dont la Fédération régionale des Travaux Publics Auvergne-Rhône-Alpes, rappelait récemment qu’ils constituaient la plus grosse part de l’activité du secteur.
Les médias en Auvergne-Rhône-Alpes doivent mieux diffuser informations et réflexions sur les grands projets qui portent de grands enjeux régionaux. Ils doivent aussi s’engager, et abandonner le confortable point de vue de Sirius qui les amène souvent à tout juger de haut et de loin.