A parité avec le Fonds Air-Bois dont elles sont bénéficiaires, la Métro, le Pays du Grésivaudan et le Pays Voironnais vont investir près de 9,5 M€ pour aider au remplacement des appareils de chauffage vétustes et très polluants des particuliers.
Le chauffage au bois, énergie renouvelable et locale par excellence, nécessite malgré tout quelques conditions pour que son utilisation ne détériore pas la qualité de l’air et ne menace pas la santé des habitants. En hiver, il peut à lui seul engendrer plus de 50% des concentrations de particules fines (PM10) présentes dans l’atmosphère.
Même s’il faut agir sur l’ensemble des facteurs (consommation d’énergie, isolation des bâtiments, transports, industrie et agriculture), c’est ce qu’ont rappelé les différents intervenants, il y a dans le domaine du chauffage au bois des mesures immédiates à prendre.
Un appareil de chauffage labellisé flamme verte émet aujourd’hui 30 fois moins de PM10 qu’un foyer ouvert.
De la vallée de l’Arve au fonds Air-Bois
C’est dans la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, que la première opération test de remplacement des matériels a été menée avec succès. La mise en évidence du chauffage au bois dans les émissions avait été réalisée un jour où les camions ne circulaient pas dans la vallée. Les taux de particules et de polluants n’avaient pas baissé autant qu’on pouvait l’attendre.
L’Ademe et les collectivités locales ont alors lancé en 2013, pour 4 ans, une préfiguration du fonds Air-Bois : une aide de 1 000 € pour le remplacement des appareils datant d’avant 2002.
A mi-parcours 1 600 dossiers ont été acceptés, laissant augurer le changement de plus de 3 000 appareils au terme de l’opération.
S’appuyant sur cette première avancée, l’Ademe a lancé en juin 2015 un appel à manifestation d’intérêt (AMI), dont Grenoble Alpes Métropole, la Communauté de communes du Pays du Grésivaudan et la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais ont été lauréates.
Sur les trois collectivités, au titre du fonds Air-Bois, l’Ademe abonde à hauteur de 50% des programmes d’aide au remplacement des appareils antérieurs à 2002, qui seront remplacés par des dispositifs flamme verte 7 étoiles et montés par des installateurs certifiés RGE. Au total il s’agit de renouveler près de 30% du parc existant (plus de 8 300 appareils de chauffage) en apportant des aides aux particuliers allant de 800 à 1200 € selon leurs ressources.
Qualité de l’Air, la longue marche
Christophe Ferrari, président de la Métro, évoque les années 95, période pendant laquelle comme étudiant, il s’intéressait déjà à la pollution de Grenoble et des vallées alpines. Depuis toute une batterie de mesures ont été adoptées tant au niveau national, que régional avec les SRCAE[1], ou local grâce aux Plans de Protection de l’Air (PPA), celui de Grenoble a été approuvé en 2014, ou encore aux PCAET[2].
Malgré les baisses significatives des émissions de gaz à effet de serre, de taux de particules fines (PM10), les épisodes de pollution restent nombreux dans les agglomérations comme celle de Grenoble.
La France a d’ailleurs un contentieux avec l’Europe, qui « considère qu’elle n’a pas adopté les mesures qui auraient dû être appliquées depuis 2005 ». La Commission Européenne identifie 10 zones, dont Grenoble, Lyon et la vallée de l’Arve, où les émissions de PM10 notamment dépassent les seuils.
Prenant le sujet à bras le corps, si l’on peut dire, le ministère de l’Ecologie, a lancé le 5 juin 2015 l’appel à projet « Villes respirables en 5 ans », dont Grenoble a été lauréate.
Le nouveau fonds Air-Bois, pour lequel les collectivités iséroises sont les premières signataires ce mardi 19 janvier, est souhaitons-le une brique de plus dans une démarche vertueuse pour améliorer la qualité de l’air.
[1] SRCAE : Schéma régional climat-air-énergie, définissant les orientations à l’horizon 2020 2050.
[2] PCAET : Plan climat air énergie territorial, qui s’applique au collectivité de plus de 50 000 habitants.