A l’image de cette formidable grue Terex Fuchs MHL 380, que vient d’acquérir la CCI Nord-Isère, les élus voient grand pour l’avenir du port de Vienne Sud Salaise Sablons. Pour Daniel Paraire, président et Christian Marcou, vice président en charge du port, qui accueillaient ce lundi le président régional Jean-Paul Mauduy, les potentialités sont considérables : 1ère plateforme portuaire intermodale après Lyon, possible relais du port Edouard Herriot, sur les grands axes de communication,…
Grand mais pas n’importe comment. « Il faut concilier développement économique et protection de l’environnement » insiste Daniel Rigaud, conseiller général du canton de Roussillon et président du syndicat mixte de la zone industrialo-portuaire (ZIP), créé en 2009. Quitte à prendre plus de temps, il ne veut pas céder à la facilité d’accueillir des entreprises simplement séduites par le site, les équipements existants et le projet.
La préservation de l’environnement comme contrainte de départ
Ce projet prévoit un investissement de quelque 120 à 150 millions d’euros sur un territoire de 320 hectares, dont 170 seraient constructibles, au terme des premières études environnementales.
C’est en effet la préservation des zones sensibles, telles que le corridor biologique de la Sanne, les rives du Rhône ou la proximité de l’île de la Platière et du méandre des Oves, qui vont commander les implantations des infrastructures.
Sur un territoire déjà fortement marqué par les abus de certains industriels, les associations, telle que « Sauvons notre avenir » à Sablons, ont largement milité pour que de véritables solutions soient adoptées.
« Il nous faut écrire une Charte d’accueil des entreprises et monter un comité d’agrément des projets », prévoit Daniel Rigaud. S’il s’agit effectivement de développer l’emploi – 2 000 nouveaux emplois pourraient être créés en plus des 900 emplois actuels – pour autant, les candidats entrepreneurs devront satisfaire à plusieurs exigences.
La multi-modalité une exigence, pas un simple effet de mode
Tout d’abord, pratiquer le report modal. C’est à dire utiliser prioritairement le fleuve et le rail, en complément de la route. Une première mission de 6 mois a d’ailleurs été entreprise par la Mission ingénierie et prospective Rhône Alpes (Mipra), pour interroger les chargeurs susceptibles d’entrer dans le futur cahier des charges et de venir s’installer sur la zone.
Bien entendu seront examinées chez les candidats, leurs capacités et maîtriser les risques et leurs certifications environnementales. D’ores et déjà, de nombreux industriels sur la plateforme ont commencé à réorienter leurs pratiques.
L’écologie industrielle : quand les contraintes deviennent opportunités
Des activités nouvelles peuvent être suscitées en coopération avec la plateforme chimique, soit en amont dans le domaine de la R & D, soit en aval dans le domaine de la chimie verte, moins polluante ou l’industrie secondaire du recyclage.
Au delà de la multi-modalité, de la préservation de l’environnement la ZIP ambitionne de mettre en œuvre une véritable écologie industrielle : les déchets des uns pourraient être réutilisés localement ou dans la région, isoler, récupérer les calories, développer la coopération inter-entreprises, mutualiser certains services, favoriser la reconversion professionnelle, sur un territoire fortement marqué par l’hémorragie de l’emploi.
Sans parler des déplacements locaux, qui devraient favoriser les transports collectifs. C’est d’ailleurs ce qu’a anticipé la Communauté de communes du Pays roussillonnais, qui a entrepris de réhabiliter toutes les petites gares le long de la voie ferrée.
Un Grand Projet Rhône Alpes en chantier
A total, c’est bien la potentialité du site, alliée à la dimension écologie industrielle du projet, qui ont permis d’inscrire la démarche dans le cadre d’un Grand projet Rhône Alpes (GPRA).
Conduit par la Région, en étroite liaison avec le syndicat mixte de la ZIP, la CCI Nord-Isère, la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), Voies Navigables de France (VNF), le Grand projet prend en compte la problématique de développement au niveau régional, impliquant ainsi les départements limitrophes.