Samedi soir, ce sont quelques centaines d’opposants qui ont défilé torche à la main, ce dimanche matin à l’appel de l’association Vivre en Chambaran, ce sont près de 2 000 personnes qui montaient en direction des bois de Roybon. D’un côté les arguments sur la destruction du milieu naturel, de l’autre la volonté que l’Etat de droit s’applique.
D’un jour sur l’autre les manifestations se succèdent, sans pour autant qu’on y voie beaucoup plus clair dans les arguments sur le fond. Deux recours en référé des associations de défense sont encore pendants devant le tribunal administratif qui doit se prononcer le 12 décembre prochain.
D’ici là la situation semble bien bloquée, même si quelques partisans ont bien tenté d’engager la discussion avec leurs adversaires établis sur le site. Les échanges ont été vifs. Même si dimanche, le représentant du collectif des entreprises du chantier affirmait que lundi, ils reprendraient le travail.
Samedi soir, la députée européenne EELV Michèle Rivasi donnait raison aux « zadistes » et demandait « l’abandon pur et simple de ce projet qui est une véritable aberration écologique ».
Pour elle, « Center Parcs va détruire, à l’instar du barrage de Sivens, plusieurs dizaines d’hectares de la forêt des Chambaran et de zones humides qui alimentent la nappe phréatique, nécessaire à l’accès à l’eau de centaines de milliers de citoyens drômois et isérois. Il met en péril une faune et une flore qu’il est nécessaire de protéger. Il est très largement subventionné par les pouvoirs publics (on estime à 100 M€ les investissements publics nécessaires au site touristique) et les centaines d’emplois que fait miroiter le groupe touristique, se résument à quelques dizaines d’équivalents temps plein en réalité ».
Que soit appliquée la loi
Les défenseurs du projet sortent eux de leur silence. Jusqu’alors, à part une manifestation en juin, le terrain avait surtout été investi par ceux qui contestent sa légitimité. C’est justement une pierre d’achoppement pour leurs adversaires, qui réclament que soit appliquée la loi.
« Je suis venu ici pour ce projet, mais surtout pour défendre la démocratie » explique Georges Burba, tout nouveau président des artisans de Rhône-Alpes. Comme lui, d’autres artisans, des commerçants, des agriculteurs, des familles sont venus protester contre ce qu’ils considèrent être un déni de démocratie. Pour beaucoup, c’est l’emploi, qui est l’argument majeur. Les quelques 700 postes proposés par Pierre & Vacances motivent les participants.
Mais alors, faut-il au nom de l’emploi, nuire à l’environnement ? Les menaces invoquées par les environnementalistes sont-elles bien réelles ?
Dans la foule l’ingénieur d’un bureau d’études, venu soutenir le projet s’indigne qu’on ne regarde pas la réalité. Selon lui, on coupe aujourd’hui beaucoup plus de bois alentours pour alimenter les chaufferies bois du secteur, que les quelques hectares qui seront coupés sur le chantier. De fait, les 71 hectares de bois qui seront rasés, et dont la moitié sera replantée, représentent moins de 1% de la surface de la forêt de Chambaran.
Jusqu’alors, les fuites d’un réseau d’adduction d’eau vétuste étaient bien supérieures, à ce que serait la consommation d’eau potable du futur parc de loisirs. Quant aux compensations zones humides, « elles ont été effectuées en conformité avec la loi sur l’eau », explique ce chef d’entreprise, qui lui aussi a pris part à la marche.
Les défenseurs du projet ne veulent pas en rester là. Ils appellent à un nouveau rendez-vous dimanche 14 décembre et dès ce lundi à un rassemblement de soutien des élus du secteur à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs.