De nombreuses etudes ont ete menees jusqu’a present sur les effets de Tchernobyl sur la sante, mais elles souffrent d’un manque de coordination et d’exhaustivite.
Un groupe international d’experts appelle a present de ses voeux un programme de recherche a long terme, qui devra etre valide au niveau international.
En plus des 28 deces liees a des insuffisances medullaires survenues au cours des 2 premiers mois parmi les personnes qui avaient pris part aux premieres operations d’urgence, on attribue des milliers de cas de cancers de la thyroïde a l’exposition aux rayonnements de Tchernobyl chez les personnes qui etaient enfants a cette epoque.
De fait, les etudes menees jusqu’a present se sont principalement concentrees sur la thyroïde et bien que cela ait permis d’ameliorer notre comprehension du developpement du cancer de la thyroïde induit par les rayonnements, l’accent qui a ete mis sur ce probleme a detourne l’attention d’autres effets potentiels sur la sante, parmi lesquels une augmentation du risque de cancer du sein, de divers autres cancers, d’alterations genetiques hereditaires, de cataractes et d’autres maladies non cancereuses chez les « liquidateurs » et la population generale.
Il est essentiel de mener des etudes exhaustives sur les effets sanitaires de Tchernobyl pour informer correctement la population exposee car elles etablissent des estimations fiables sur les consequences, au lieu de simples speculations. Ceci revet une importance toute particuliere compte tenu de la future expansion de l’energie nucleaire et des recents evenements de Fukushima.
L’une des lecons cles a tirer de Tchernobyl est la valeur des informations precises et fiables concernant l’exposition, et disponibles le plus tot possible apres l’accident. Cela permettrait d’estimer les effets ulterieurs sur la sante et ainsi de servir les interets de la population exposee dans les annees qui suivent l’accident.
Un appel a l’action
Le projet ARCH, dirige par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) et soutenu par le programme Euratom FP7, est parvenu a la conclusion qu’il est necessaire de mettre sur pied un programme coordonne de recherche a long terme pour garantir l’evaluation complete des consequences sanitaires de Tchernobyl.
La plupart de nos connaissances sur les effets sanitaires des rayonnements proviennent des etudes sur les consequences des bombes atomiques de la Seconde Guerre mondiale. Or, Tchernobyl implique un type et des mecanismes d’exposition differents. Les recentes avancees de la radiobiologie ont remis en question les hypotheses sur les risques des rayonnements a faibles doses. Les effets des rayonnements pourraient ne pas se faire sentir pendant plusieurs decennies apres l’accident, et en l’absence d’etudes a long terme, les connaissances seront perdues et les speculations se multiplieront.
Le groupe d’experts et de conseillers du projet ARCH, originaires d’Europe, des Etats-Unis et du Japon, a passe en revue les connaissances actuelles sur les effets sanitaires de l’accident, et a recommande la mise en place d’un soutien international pour le financement a long terme d’une Fondation, la Fondation de Recherche sur les Effets sanitaires de Tchernobyl (CHERF), par le biais d’(un) organisme(s) de financement et en collaboration avec les trois pays les plus touches par l’accident (le Belarus, l’Ukraine et la Federation de Russie). Une attention particuliere devra etre portee a l’amenagement de l’infrastructure necessaire a la realisation d’une serie d’etudes, en recrutant, en maintenant et en assurant le suivi a vie de plusieurs cohortes, comparables a celles qui ont ete mises en place a la suite des bombardements sur le Japon.
Le Dr Ausrele Kesminiene, co-responsable de la Section Environnement et Rayonnement du CIRC, a declare : « Notre ambition avec la CHERF est de mettre en place un systeme de coordination et de financement d’etudes qui permettront l’evaluation de l’ensemble des effets sanitaires a long terme de l’accident de Tchernobyl. L’une des cles du succes des recommandations du projet ARCH est la creation, le maintien et le suivi a vie de plusieurs cohortes. Celles-ci comprendront des cohortes de liquidateurs, ainsi que des cohortes existantes de personnes ayant ete exposees aux retombees lorsqu’elles etaient enfants, au Belarus et en Ukraine, avec des mesures detaillees des doses a la thyroïde ».
Sir Dillwyn Williams, qui presidait le groupe principal du projet ARCH, a declare que la CHERF se consacrerait a :
? initier et soutenir des recherches exhaustives sur les effets sanitaires de l’accident de Tchernobyl,
? etablir et diffuser une evaluation precise et impartiale des consequences a long terme de l’accident de Tchernobyl,
? informer les organisations de radioprotection des consequences a court et long termes de l’accident de Tchernobyl ayant trait aux normes de radioprotection,
? approfondir la connaissance scientifique de l’interaction des rayonnements avec les tissus, en portant une attention toute particuliere aux expositions internes, et
? apporter aux organismes de sante publique les informations necessaires a l’attenuation des effets de ce type de rayonnements, dans l’eventualite d’une nouvelle exposition accidentelle.
Le Dr Christopher Wild, Directeur du CIRC, a declare : « il est possible d’obtenir de nombreuses donnees essentielles grace a une etude approfondie de l’accident de Tchernobyl, dans le but de preserver la sante publique. Cela requiert un effort collaboratif au niveau international de la part des scientifiques, des gouvernements, en particulier ceux du Belarus, de la Federation de Russie et de l’Ukraine, et des organismes de financement, entre autres. L’association qui a ete proposee, des differents partenaires au sein de la Fondation CHERF, permettrait d’etablir la plate-forme ideale pour une telle collaboration. La meilleure option serait d’organiser la CHERF comme un institut virtuel, avec un Directoire qui assurerait une surveillance et un Comite scientifique consultatif qui participerait a la definition des priorites de financement et dispenserait des conseils sur les projets a soutenir ».
Pour plus d’informations, contacter
Dr Ausrele Kesminiene, Groupe Environnement et rayonnements, au +33 472 738 662, ou kesminienea@iarc.fr;
or Nicolas Gaudin, Groupe Communication, a com@iarc.fr (+33 472 738 478)