Le Réseau Biodiversité pour les Abeilles tire la sonnette d’alarme, le taux de mortalité atteint parfois jusqu’à 90% dans les ruchers.
L’année 2021 a été marquée , rappelle le Réseau Biodiversité pour les Abeilles par des conditions météorologiques très mauvaises. Un hiver doux et un printemps précoce ont produit une absence de rupture de ponte dans les ruches, condition essentielle à l’efficacité des traitements contre le varroa. L’année s’est prolongée par un été extrêmement pluvieux qui n’a pas permis une bonne mise en hivernage des colonies. Les conditions météo conjuguées à l’appauvrissement du milieu en ressources florales ont constitué un cocktail fatal pour beaucoup de ruches.
Or, l’équilibre alimentaire est la clé de voûte de la santé des abeilles. C’est pourquoi, l’agriculture est un des leviers pour relever ce défi alimentaire des abeilles. Les productions mellifères comme le colza et le tournesol doivent être soutenues par des politiques ambitieuses. Là encore, les conditions météorologiques de l’année passée ont eu des conséquences négatives sur ces ressources, en particulier le colza. L’agriculture est donc un élément clé pour répondre à la faim des abeilles. Les pratiques agricoles visant à assurer la protection des cultures sont quant à elles compatibles avec la bonne santé des colonies. C’est bien le gagnant-gagnant qui doit s’imposer pour réconcilier apiculture et agriculture.
En cette fin d’hiver, le Réseau après observations, rapporte des mortalités très importantes au sortir de l’hiver qui même s’il n’a pas été très rude, reste une période délicate pour les colonies. Pour éviter une nouvelle année catastrophe, la filière apicole doit se mobiliser en urgence autour de deux priorités. Elle doity améliorer le traitement sanitaire des colonies pour les protéger des parasites, virus et pathologies d’une part( varroa destructor notamment) Elle doit améliorer la qualité et la disponibilité de la ressource alimentaire d’autre part, la variété de la nourriture étant source de protéines pour les insectes. » Apiculteurs, agriculteurs, instituts techniques, collectivités, pouvoirs publics : la réponse doit être collective et concertée. Il en va de la pérennité du précieux service de la pollinisation et du maintien de la biodiversité. » insiste le réseau.
Des parasites de plus en plus virulents
Le changement climatique expose les abeilles à un parasitisme de plus en plus intense, en particulier de Varroa et de Nosema ceranae dans les ruches. La pathogénicité de ces parasites internes et externes de l’abeille augmente avec les mutations des souches virales qu’ils véhiculent.
Surnommé depuis des années « l’ennemi numéro un des abeilles » l’acarien Varroa continue ses dégâts. Originaire de Chine, ce parasite perturbe les abeilles en affaiblissant leur défense immunitaire et en leur inoculant des virus. Les moyens de lutte sont trop limités et les acaricides utilisés sont de moins en moins efficaces. Les entreprises spécialisées dans le développement de solutions ne peuvent pas s’appuyer sur une recherche publique qui , selon le Réseau, ne mobilise pas de moyen sur cette question sanitaire. » Le marché de la santé des abeilles se révèle malheureusement trop faible pour justifier des investissements privés sur lesquels le retour serait insuffisant au niveau économique. » Il en va de même pour Nosema ceranae et les différentes pathologies qui affectent les abeilles. L’approche sanitaire doit inclure la formation des apiculteurs, l’encadrement actuel n’est pas adapté aux besoins du secteur où une majorité d’apiculteurs amateurs doivent être accompagnés au plus près.
Développement d’oasis de biodiversité
La Réseau demande la mise en place de jachères mellifères, des oasis de biodiversité apportant pollen et nectar aux abeilles. Les études du Réseau Biodiversité pour les Abeilles confirment l’intérêt de ces aménagements. Ainsi, en mobilisant 0,3% de la zone de butinage des abeilles, il est possible d’assurer les deux tiers de leur bol alimentaire.
Malgré de nombreuses alertes auprès de ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, le plan pollinisateurs fait l’impasse sur les mesures en faveur d’une amélioration de la disponibilité d’une ressource. Or, tous les scientifiques soulignent que lorsque les abeilles sont bien alimentées, avec des pollens de qualité et diversifiés, elles sont bien plus résistantes face aux multiples agresseurs auxquels elles doivent faire face.
Le programme Coup d’pousse lancé par le Réseau qui vise à offrir aux agriculteurs volontaires des semences mellifères pour transformer des espaces non productifs en réservoirs de biodiversité. Ces initiatives doivent être portées par les pouvoirs publics pour être déployées à grande échelle. Selon les modélisations du Réseau Biodiversité pour les Abeilles, 80.000 ha de jachères apicoles doivent être réparties sur les principaux bassins de production pour garantir un bol alimentaire de qualité pour les abeilles.