David Djaïz, dans son ouvrage Slow Démocratie, propose comme solutions à la crise actuelle, sociale, politique, et environnementale, de ressourcer les nations dans les territoires.
Comment sortir des crises actuelles, répondre à la crise environnementale et à la crise climatique, résorber les séparatismes sociaux, les fossés entre territoires? David Djaïz, auteur de La guerre civile n’aura lieu, propose dans son second ouvrage, Slow Democratie, des pistes qui passent par un ressourcement du contrat national dans les territoires.
Une mondialisation mal maîtrisée à malmené les démocraties assises sur la nation, dont les Trente glorieuses ont marqué l’apogée. La mondialisation poussée par les entreprises, suivant les seules lois du marché, a dopé l’augmentation des produits intérieurs bruts, de la richesse mondiale, en érigeant les dogmes seulement libéraux, relayés par des technostructures, sans légitimité démocratique.
L’ouverture des marchés mondiaux a porté ses fruits : croissance soutenue, réduction, sans disparition, de la pauvreté, émergence de classes moyennes en Chine, en Inde, en Asie. Il y a moins de pauvres absolus, mais les riches se sont enrichis encore plus vite, aux Etats-Unis, en Europe, et même en France où le mouvement a été plus lent, mais réel.
La mondialisation a des gagnants : les catégories sociales connectées aux échanges mondiaux, par le biais de la compétitivité, des compétences. Ces nomades, qui s’en sont bien sortis, ce sont eux qui se concentrent dans les métropoles, voient leur pouvoir d’achat progresser, envisagent le monde comme un village Ils ont davantage de liens avec la planète, qu’avec leurs concitoyens.
Ils ne voient pas ou regardent de haut les « sédentaires », ces millions de citoyens quand même, qui vivent de l’économe locale, déconnectée de la compétition globale. La désindustrialisation les a multipliés, par régions entières, dans des petites villes, dans les campagnes.
Mais ces sédentaires sont amers. Ces citoyens périphériques ont le sentiment, souvent justifié, d’être abandonnés par les Etats. La nation a redistribué, bien sûr, et en France la redistribution est allée loin. Mais vivre de redistribution, c’est rester précaire.
Egoïsmes régionaux
Dans ces nations divisées, les risques d’éclatement sont grands. Aux fossés entre « nomades » et « sédentaires », répondent les fossés entre territoires connectés à la globalisation, et territoires déconnectés. En Espagne, en Italie, au Royaume uni, des égoïsmes territoriaux voient le jour. Les régions riches refusent une redistribution vers les moins riches. La France échappe a une partie de ces écueils.
Mais comment reconstruire, ressouder, pacifier, apaiser, répondre aux inquiétudes ? David Djaïz, propose « le bassin de vie », dont chacun est habitant, socle de la nation, dont nous sommes tous citoyens, dans une Europe à laquelle nous sommes attachés.
« Il faut donc repartir de principes simples : à l’Etat, la mission d’assurer solidarité sociale et territoriales, aux communautés locales, celle de construire un projet de territoire fondé sur la solidarité des « nomades » et des sédentaires qui l’habitent. » Pour redistribuer l’Etat, dont les limites financières sont dépassées, doit s’appuyer sur la redistribution de la « rente d’agglomération », notamment la propriété immobilière. La fiscalité immobilière sur l’augmentation de la valeur croissante des biens immobiliers « pourrait être redistribuée à des territoires en difficultés, notamment dans des opérations d’investissements social ou écologique ».
David Djaïz, Normalien et diplômé de l’ENA propose ainsi une mesure audacieuse. Il compte plus de 500 000 fonctionnaires d’Etat en Ile de France et avance : « pourquoi ne pas délocaliser certains administrations centrales dans des départements, comme la Creuse, la Meuse ou les Ardennes ? »
Concrètement David Djaïz estime que cinq activités devraient être partiellement prises en charge localement : la distribution d’eau, la production et la distribution de certains aliments frais, la rénovation des logements, le traitement des déchets et une petite partie de la production d’énergie. Il suggère la création »biens communs »‘, sous forme de régies. Il donne en exemple des modèles qui existent déjà. Sa démarche théorique rejoint la réalité, c’est rassurant. Il a sans doute le défaut de privilégier des exemples étrangers, à Naples, Milan ou Sao Paulo en oubliant le fourmillement des initiatives hexagonales. Il invite, positivement, en étant un peu éloigné du terrain, à développer la production locale et l’économie circulaire dans un « New Deal territorial » qui « n’a rien à voir avec une démondialisation ». David Djaïz, invite à écrire un nouveau récit territorial. Il rejoint la cohorte de ceux qui en ont déjà écrit plusieurs pages.
Slow démocratie, comment maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en main, David Djaïz, 314 pages Allary-Editions, 20,90 €