Environ 20 % de l’eau potable des réseaux en Auvergne-Rhône-Alpes, disparait dans le sol. C’est sans doute un minimum. Les réseaux sont encore largement trop peu suivis et trop peu renouvelés.
Alors que les Journée européennes du patrimoine vont inviter le public à découvrir des richesses souvent historiques, le patrimoine des équipements publics est souvent ignoré, sous-estimé, parfois même des décideurs. C’est le cas des réseaux d’adduction d’eau potable, dont le taux de perte en Auvergne-Rhône-Alpes est de près de 20 %, soit un litre sur cinq. C’est en effet ce qui ressort des déclarations (obligatoires, mais non effectives) des propriétaires de réseaux auprès de plusieurs organismes, notamment le Sispea. D’après les données publiées en février 2020, le taux de perte moyen du réseau en Auvergne-Rhône-Alpes était de 19,7 %.
Peut-être 40 %
Mais selon Pierre Rampa, président du syndicat des Canalisateurs du Sud-Est, comme pour Michel Reguillon, délégué du syndicat pour Rhône-Alpes, le taux est en réalité supérieur. Il pourrait, en incluant les propriétaires de réseau qui ne déclarent pas leurs données, avoisiner 40 %.
Une moyenne très médiocre, à prendre avec précaution, mais les disparités sont réelles. Dans certains secteurs, où l’eau a été abondante, captée dans des nappes sans nécessité de traitement, les collectivités ont parfois très peu investi. Le prix de l’eau fourni au consommateur a pu être maintenu bas, à un niveau inférieur à celui qui serait nécessaire pour l’entretien du réseau.
Bonne note pour la Loire
C’est pour le département de la Loire que le taux de fuite moyen serait le plus faible, 15 % sur les 7 100 kilomètres (au moins) de ce réseau. Dans le Rhône (10 600 km) et dans l’Allier (12 600 km) les taux de pertes seraient d’au moins 17 %.
À l’autre bout du classement, dans le Cantal, département rural et montagneux, bien loti en ressource hydrique et peu peuplé (c’est le département le moins peuplé de la Région), le taux de perte sur les 4700 kilomètres du réseau, serait de 31 %. Même configuration dans le Puy-de-Dôme, (10 300 km de réseau) avec 26 % de taux de pertes. La Savoie, malgré un réseau de seulement 3700 kilomètres affiche un taux de perte de 28 % sans doute le résultat d’une ressource longtemps et toujours considérée comme inépuisable. Cette vision explique aussi les taux élevés des départements de l’Ain, de Haute-Savoie et de l’Isère.
Mais les temps de l’eau inépuisable tout au long de l’année sont révolus. Il faudra désormais économiser et réduire les fuites d’une eau potable qui coûte cher à produire (traitement plus énergie). Un réseau d’eau a une durée de vie moyenne de 60 ans, mais son environnement, les conditions de sa construction et de sa maintenance sont cruciaux. Or le taux de renouvellement des réseaux est en moyenne de 0,6 % par an, ce qui ne permet un renouvellement complet qu’en 166 ans, une durée près de 2,8 fois trop longue. Une telle lenteur représente une fausse économie, au détriment d’un patrimoine invisible mais vital.