En donnant la priorité à la lutte contre les fuites dans les réseaux d’eau potable, le Plan Eau annoncé par le Président de la République donne enfin raison aux canalisateurs, qui alerte depuis des années sur les problématiques de préservation et de sécurisation de la ressource.
La plus haute personnalité de l’Etat, le président de la République a découvert les recettes qui permettrait de réaliser des économies d’eau potable. Il ne s’agit pas seulement de raccourcir les douches, ou de moins tirer la chasse d’eau. Il faut d’abord réduire les fuites sur les réseaux d’adduction d’eau.
Parmi les 53 mesures du Plan eau, qui doivent permettre 10% d’économie d’eau à horizon 2030 en France, l’attention des Canalisateurs se portent sur les points suivants. Il est prioritaire de réduire les fuites sur les réseaux d’adduction et de sécuriser l’approvisionnement en eau potable. Ce sont 180 M€ d’aides supplémentaires par an qui devraient être apportées par les Agences de l’eau , dédiés au « petit cycle de l’eau » donc aux investissements permettant de réduire les fuites. Il est positif de prévoir un traitement prioritaire des 170 collectivités « points noirs », qui enregistrent des taux de fuites de plus de 50% sur leurs réseaux d’eau potable. Ces collectivités sont au nombre de 21 en Auvergne-Rhône-Alpes. Les canalisateurs approuvent la modernisation des réseaux avec la pose de compteurs intelligents par exemple.
Ils préconisent de massifier la valorisation des eaux non conventionnelles (Réutilisation des eaux usées, eau de pluie, eaux grises, etc.), avec le développement de 1000 projets de réutilisation sur le territoire, d’ici 2027. L’objectif de 10% d’eaux usées traitées et réutilisées d’ici 2030 contre moins de 1% actuellement.
Levée des freins réglementaires
Pour les canalisateurs, il est nécessaire d’améliorer la gouvernance de l’eau, pour la rendre plus efficace et plus lisible, en impliquant tous les acteurs des territoires. Le rôle des Conseils départementaux devrait être conforté en matière d’assistance technique et financière. Une tarification et un niveau de financement de la gestion de la ressource en eau adéquats sont nécessaires
Michel Réguillon, Président des Canalisateurs du Sud-Est est satisfait de voir que » le Président a admis que le mauvais état de nos réseaux d’eau était la conséquence de sous-investissements historiques… Ces sujets sont régulièrement au cœur des tables-rondes qu’organisent la Profession aux quatre coins de la région lors de la Rencontre régionale de l’eau (chaque année à l’automne) ! C’est important que nos messages soient enfin entendus et que les moyens, notamment financiers, soient mis en en œuvre.
Trop de financeurs
Stéphane Graupner, Délégué régional Les Canalisateurs Rhône-Alpes, estime que « la proposition du gouvernement en faveur d’un ajustement du prix de l’eau est intéressante. Nous rappelons régulièrement que « l’eau doit payer l’eau »… Cela constitue la première source de financement du petit cycle de l’eau… … Le sujet de la lutte contre les fuites semble enfin devenir prioritaire et nous nous en félicitons. » Jean-Luc Garcia, Délégué régional Les Canalisateurs Auvergne fait remarquer que » la volonté d’agir des collectivités est souvent là, mais elle est parfois ralentie par les lourdeurs administratives. Nous l’avons constaté pas plus tard que le 22 mars dernier à l’occasion de la Matinée de l’eau organisée par la Profession ! La multiplicité des financeurs complexifie également les démarches et ne jouent pas en faveur de la réactivité. Face à l’urgence, la volonté d’assouplir les verrous administratifs et d’inclure tous les acteurs concernés dans la gouvernance de la gestion de l’eau est une bonne nouvelle. »
Avec près d’une centaine d’adhérents en AuRA (15% en Auvergne – 85% en Rhône-Alpes) dont 90% ont moins de 250 salariés, le syndicat de spécialité des Canalisateurs représente les entreprises spécialisées dans la pose et la réhabilitation de canalisations d’eau potable, d’eaux usées, d’irrigation et de gaz. Les Canalisateurs représentent la deuxième activité des Travaux publics (17%), derrière l’industrie routière. En Auvergne et Rhône-Alpes, l’activité Adduction d’eau-Assainissement représente un chiffre d’affaires de 1,054 milliard d’€ en 2021.