La rapport 2023 de l’association Climate Chance, présente de très nombreuses données. Parmi elles, les données sur les émissions moyennes par habitants de la planète , qu’il faut corriger des émissions importées, liées au niveau de vie et à la répartition des activités industrielles.
En 2022, les émissions de carbone mondiales par habitant (4,27 tCO2/ hb) sont en baisse par rapport à 2015 (4,29 tCO2/ hb), et par rapport au pic de 2013 (4,4 tCO2/hb). Rapportées à la population, les émissions territoriales ( constatées par pays ) , restent plus de deux fois plus élevées dans l’OCDE (8,17 tCO2/ hb) qu’en dehors (3,45). Elles s’élèvent jusqu’à 34,4 tCO2/ hb au Qatar, 14,1 tCO2/hb aux États-Unis, 8 tCO2/hb au Japon et 7,7 MtCO2/hb en Chine et 5,88 tCO2/hb dans l’Union européenne.
La comptabilité territoriale des émissions nationales induit des biais en défaveur des pays qui hébergent des ressources naturelles ( pétrole gaz, charbon) ou des activités industrielles qui bénéficient à l’ensemble de l’économie mondiale. C’est le cas des États exportateurs d’hydrocarbures, les pays du Golfe, mais aussi Trinité-et-Tobago, quatrième empreinte territoriale par habitant au monde en raison de son statut de cinquième producteur mondial et premier fournisseur de gaz naturel liquéfié (GNL) aux États-Unis.
Economies industrielles émergentes
C’est aussi le cas des nouvelles économies industrielles et manufacturières qui ont émergé depuis
2000, comme la Chine, où l’industrie occupe près de40 % du PIB contre environ 20 % aux États-Unis et en Europe. La Chine a multiplié l’excédent de sa balance commerciale par 28 entre 2000 et 2021, « exportant » du même coup les émissions carbone.
Emissions importées
L’empreinte carbone, en tenant compte des émissions incorporées dans les biens et services consommés par les habitants d’un pays, offre un indicateur plus exact pour mesurer la répartition économique des émissions. En France, l’INSEE a publié une étude comparative prenant l’exemple de l’Union européenne des États-Unis et de la Chine16.
L’UE apparaît comme une « importatrice nette » d’émissions : son empreinte carbone par habitant (11 tCO2e/hb) surpasse les émissions par habitant
selon l’approche territoriale (9,2 tCO2e/hb). Aux États-Unis, un écart encore plus important sépare l’empreinte carbone (21,3 tCO2e/hb) des émissions mesurées par inventaire (17,5 tCO2e/ hb).
À l’inverse, en Chine, les émissions de GES calculées selon l’approche de l’inventaire territorial (8,5 tCO2e/hb en 2018) sont légèrement supérieures à l’empreinte carbone (8,3 tCO2e/hb).
Dans l’absolu, ces niveaux d’empreinte carbone reflètent les différences de niveau de pouvoir d’achat, de dynamiques démographiques et de croissance économique. Mais la décomposition de ces empreintes révèle des progrès inégaux dans les efforts locaux de décarbonation. Dans ces trois zones économiques, la demande finale de biens et services est satisfaite à 85 % par la production
domestique, et à 15 % par les importations.
Une part importantes des importations dans l’empreinte carbone globale
Pourtant, la part des importations dans l’empreinte carbone s’élève à 33 % dans l’UE, 26 % aux États-Unis et 14 % en Chine. Cela signifie qu’en Europe et aux États-Unis, la production domestique est à la fois plus tertiarisée et plus avancée dans sa décarbonation que la production de ses partenaires commerciaux.
C’est l’inverse en Chine, plus industrielle où la production est aussi très carbonée en raison d’un mix électrique qui repose à 62 % sur le charbon. La répartition mondiale des activités industrielles, et donc des émissions, s’est en partie délocalisée ces dernières décennies vers des pays à plus forte intensité carbone, à mesure que les chaînes de valeur s’internationalisaient. L’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce en 2001 semble avoir marqué un véritable tournant.
Le taux de croissance annuel moyen des émissions mondiales de CO2 liées à l’industrie est
alors passé de 0,6 % entre 1990 et 2000 à 4,5 % durant la décennie suivante. Or, 80 % de cette augmentation des émissions industrielles entre 2000 et 2010 a eu lieu en Chine, alors qu’elles baissaient de 15 % en Union européenne et de 22 % aux États-Unis sur la même période.
La Chine accueille certes une part plus importante des émissions industrielles mondiales– 40,3 % en 2018 contre environ 20 % en 1990 et 2000 –,mais cette progression est largement due aux émissions exportées vers les classes de consommateurs des pays clients et dopées par le pouvoir d’achat croissant de ses classes moyennes.