Quand on se trouve sur le col Helbronner, sur la frontière franco-italienne, on a à sa gauche, les Grandes Jorasses, sommet mythique de l’alpinisme. Du côté de l’intérieur du massif, les Grandes Jorasses donnent sur le site vierge de la Vallée Blanche: pas de risque majeur. Du côté italien le glacier des Grandes Jorasses est une menace potentielle qu’étudie de près depuis plusieurs années la Fondation Montagna Sicura, créée par la Région autonome du Val d’AOSTE, la Ville de Courmayeur, les Guides du Val d’Aoste et la société de secours en montagne du Val d’Aoste.
Les risques de la montagne doivent être étudiés de plus près depuis que le changement climatique est devenu une évidence. Les risques ont toujours existé. Ils sont en partie cycliques, rappelle Federica CORTESE, adjointe au Maire de Courmayeur en charge des risques et de l’environnement, présidente de la FONDAZIONE MONTAGNA SICURA
Mais les risques sont accrus par le changements naturels, par l’urbanisation et par les pratiques de loisirs en montagne. Or le glacier des Grandes Jorasses, parmi d’autres fait peser des menaces Ce glacier suspendu en descend pas une pente poussé par la gravité. Il aboutit à une face abrupte de la montagne où périodiquement des blocs de glace se détachent. La glace peut se détacher à tout moment, sous l’effet de la poussée. Les chutes sont imprévisibles. Il y a plusieurs années, un guide et sept clients ont péri sous un amas de 80 000 tonnes de glaces et de rochers.
Les risques sont donc réels pour les pratiquants des loisirs de montagne ( alpinisme, skis, clients des refuges et résidences situés en contrebas). Mais les risques sont réels pour les maisons de la vallée de Val Ferret situées en dessous du glacier. Des chutes de glace en hiver pourraient déclencher des avalanches destructrices. Le glacier des Grandes Jorasses est donc l’objet d’une surveillance multiple: surveillance de la masse, surveillance photographique
Plus globalement, la Fondation Montagna Sicura étudie les transformations de la montagne qui peuvent créer des risques La Fondation finance des études sur l’évolution du permafrost, cette couche superficielle du sol, en permanence gelée jusqu’à présent, qui aurait tendance à se réchauffer sous l’effet du changement climatique.
Des capteurs sont placés dans 7 sites, sur 14 points, pour mesurer la température du rocher et du sol en temps réel. Les informations sont transmises depuis les sondes jusqu’aux laboratoires ou des chercheurs suivent les phénomènes et essaient de créer des modèles permettant de prévoir le comportement de la montagne.
Du permafrost dépendent en effet des phénomènes comme la tenue des massifs de rochers souvent en partie collés par le gel. L’élévation des températures pourraient entrainer des effondrements massifs de faces rocheuses, comme cela a été le cas dans une face des DRUS, au dessus de la Mer de Glace il y a quelques années.