Usine du futur : les quatre scénarios du CESER de Rhône-Alpes

En fonction des choix des décideurs régionaux mais aussi de l’évolution des mentalités, l’usine du futur sera développée ou non par les entreprises, les territoires, les Rhônalpins, pour créer une nouvelle économie. La rigidité, l’absence de remise en cause, le rejet de la science, ouvriront  la voie au déclin  de l’industrie, des territoires, de l’emploi. L’ouverture, la coopération, la formation, le changement des mentalités permettront de créer l’usine du futur, des emplois en respectant l’environnement !  Telle est l’analyse du Conseil économique, social et environnemental régional de Rhône-Alpes. Pour se procurer un document de lecture un peu difficile, qui mérité débat, ceser@rhonealpes.fr

Alors la révolution  de la vapeur et de la mécanisation, après celle de l’électricité, puis celle de l’automatisation, la quatrième révolution industrielle sera celle des ressources interconnectées et communicantes. Cette révolution de l’industrie 4.0 comme l’appellent les Allemands, a commencé à transformer la production au niveau mondial. Elle met en avant le rôle de l’information et des données pour le pilotage de plus précis de la fabrication de tous les objets et produits. L’usine du futur doit permettre de produire mieux avec plus de qualité, moins de gaspillage, moins d’énergie pour mieux répondre aux attentes des marchés.

Un choix pour le futur

L’Usine du futur, fait partie des 34 filières de la Nouvelle France industrielle lancée par le gouvernement. Elle fait partie des filières retenues par le Contrat de Plan Etat et la Région Rhône-Alpes. Elle est un choix pour de l’avenir de Rhône-Alpes. Le CESER de Rhône-Alpes déjà lancé dans ces travaux de prospectives avec Rhône-Alpes 2025, s’est lancé dans un nouvel exercice pour imaginer comment l’usine du futur peut être préparée.

Le CESER  établit plusieurs enjeux pour la société régionale et pour les Rhônalpins : place l’homme au cœur du développement, décloisonner les secteurs, faire accepter l’usine du futur, favoriser l’écosystème régional pour faire apparaître l’usine du futur, financer ces investissements, développer l’esprit d’entreprise.  En fonction des évolutions de l’environnement européen et mondial, c’est le scénario 2 qui répond le plus complètement aux enjeux sociaux.

La prospective propose quatre scénarios futuristes qui résultent des choix effectués au niveau de la région.

Scénario 1 : une usine du futur en archipels

Le premier scénario imagine un tissu économique dominé par des grandes entreprises, des pôles de compétitivité, des secteurs qui ont innové. Mais le fossé s’est élargi avec les PME, avec une grande partie de l’enseignement, avec une grande partie de la population. Rhône-Alpes a fait le maximum pour valoriser sa position géographique, accroître ses activités logistiques tout en misant sur des technologies compatibles avec l’environnement.

Mais la démarche de l’usine du futur, son enracinement dans une société qui aurait intégré la culture et les outils numérique n’a pas pris. L’usine du futur n’est développée qu’au gré d’îlots, d’archipels qui s’égrènent dans les territoires sans irriguer ces derniers!

Scénario 2 : une culture robotique responsable est partagée par la société

Le scénario 2 imagine une révolution de la robotique largement diffusée dans le tissu économique, grâce à l’implication des collectivités, des petites et moyennes entreprises. La robotique responsable a été déployée en tenant compte des facteurs humains et sociaux. Des pôles éco-industriels ont succédé aux pôles de compétitivité, pour réunir les entreprises sur des territoires, en offrant des emplois variés tout au long de l’année, respectueuses des principes de l’éco-efficience. L’évolution a été permise par la mobilisation de capitaux venus de l’épargne régionale. Le climat des relations économiques a changé, avec un accroissement des coopérations entre grandes entreprises et sous traitants. La région pilote le développement des schémas régionaux qui organisent le fonctionnement régional. L’économie circulaire est devenue la norme. Une nouvelle vision gouverne cette nouvelle croissance. Elle repose non pas sur des normes et des débats infinis d’experts, mais sur l’observation concrète des effets du développement : durée de la vie en bonne santé. La place de l’école a changé : elle s’adapte aux besoins des ” apprenants” et n’impose plus des recettes figées.

Scénario 3 : le cauchemar d’une région sans industrie

Le scénario 3 imagine un avenir rhônalpin sans tissu industriel !  Ce futur  découle d’un processus de désindustrialisation continu, faute pour la Région d’avoir valorisé des capacités logistiques, d’avoir maintenu une recherche de pointe. Le marché  fonctionne à deux vitesses. Les métropoles insulaires se sont imposées au détriment des Régions, mais sans effet d’entrainement sur les autres territoires laissant des secteurs géographiques marginalisés.

Les grands groupes ont concentré la dynamique, la recherche, intégré des start-up. Les robots ont été déployés sans tenir compte des répercussions humaines et sociales. Un nouveau taylorisme a fait son apparition avec une division extrême des tâches. La société de consommation de masse redémarre, sans tenir compte des impacts environnementaux. Les normes sont multipliées pour tenter d’encadrer une croissance effrénée. Les relations sociales se tendent, la lutte des classes est de retour. Les préoccupations environnementales ne sont pas absentes et des accords mondiaux permettent de mettre en place des obligations.

Les  PME éprouvent des difficultés, les sous-traitants souffrent, les investissements vont aux grandes entreprises synonymes de sécurité et de croissance. La Région Rhône-Alpes n’a pas valorisé ses potentiels logistiques, son positionnement au cœur du continent et a retardé des investissements dans le domaine des infrastructures. ” Le phénomène NIMBY a pris le pas sur toute volonté de la part des décideurs pour préserver l’attractivité économique et la vision de long terme en matière d’implantation logistique.” La recherche scientifique a été appauvrie, faute de choix, embourbée dans la lourdeur, dans la paperasserie. Les meilleurs chercheurs quittent la région. La déconnexion se poursuit entre le système scolaire et les entreprises. Le niveau recule car il n’est pas adapté aux réalités de la société. ” La fracture sociale s’aggrave, de même que la fracture numérique”.

Scénario 4 : des usines du futur concentrées dans les Métropoles

Le scénario 4 imagine des usines métropolitaines.  Il montre des systèmes productifs très compétitifs, très numérisés, très intégrés localement dans les métropoles, en lien avec l’enseignement supérieur et la recherche. La recherche a bénéficié au niveau européen d’un financement très ambitieux. Les outils de financement régionaux et locaux se mobilisent pour l’industrie, y compris au service des petites et moyennes entreprises. La formation se rapproche de l’entreprise qui développe elle-même des offres de formation.

Heureusement, les métropoles ne sont pas refermées sur elles mêmes, elles nouent des liens avec les autres territoires, et reconnaissent la Région pour lui demander de jouer un rôle de coordination, de chef de file, en favorisant les investissements structurants.

Ces scénarios de territoires, le CESER les articule avec des scénarios d’évolution en Europe et dans le Monde.

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