Traumatisée par la catastrophe chimique du cargo Probo Koala, il y a huit ans, la Côte d’Ivoire a réagi en se dotant de lois pour améliorer la sécurité et l’environnement.
Au mois d’août 2006, le cargo Probo Koala a déchargé au port d’Abidjan 581 tonnes de déchets toxiques (un mélange de pétrole, sulfure d’hydrogène, phénols, soude caustique et de composés organiques sulfurés). Ces substances répandues en zone de décharge et sans doute mélangés à de l’acide, ont provoqué des émanations mortelles. Dix sept personnes sont décédées et plusieurs dizaines de milliers d’autres ont été intoxiquées : 43 492 cas d’empoisonnement ont été confirmés et 24 825 cas ont été probables, d’après l’Institut d’hygiène public de Côte d’Ivoire).
La catastrophe a ébranlé le pays et contraint le gouvernement à bouger. La Côte d’Ivoire a traversé une crise politique et économie profonde, mais le gouvernement a été contraint de dépoussiérer le code de l’Environnement. Le pays s’est doté d’un ensemble de structures destinées à réduire les impacts négatifs sur l’environnement. Le pouvoir politique a mis en place des lois et des règlements. Des structures ont été mises en place comme l’Agence Nationale de l’Environnement et le Centre ivoirien Antipollution ( CIAPOL), en charge de la lutte contre toutes les pollutions.
Pollution automobile
” Nous devons vraiment prendre en compte les effets des activités sur l’environnement, mais aussi sur la santé humaine. Par exemple à Abidjan, nous enregistrons les effets sur la qualité de l’air, des véhicules ” Au revoir la France”, des véhicules d’occasion importés de France, mais aussi d’autres pays, qui ont en moyenne plus de dix ans d’âge et sont très émetteurs de polluants.“, explique Pr Ossey Bernard YAPO, sous directeur du Centre Ivoirien Antipollution CIAPOL.
Le CIAPOL suit la qualité de l’air, des sols, des eaux de surface, des eaux souterraines, il supervise les plans d’urgence de lutte contre les pollutions maritimes. Le CIAPOL était présent à POLLUTEC 2014, pour découvrir des matériels, des partenaires. Une réunion a rassemblé des représentants du CIAPOL et des responsables d’Air Rhône-Alpes.
Des entreprises privées
Alors que l’Etat se dote de moyens, le secteur privé s’engage aussi en faveur de l’environnement. César Aka-Khie, président directeur général, a créé ENVIPUR après avoir eu la responsabilité au sein du groupe SYNGENTA, de la prise en charge de questions environnementales, comme l’incinération, la prise en charge de déchets, l’agroforesterie. Il avait auparavant suivi une formation en environnement à l’Université du Québec à Montréal, l’UQAM, puis un MBA, tout en décrochant un doctorat. ” Nous réalisons des études sur les pollutions, proposons des remédiations. Nous disposons d’un entrepôt de stockage de 250 mètres carrés, qui permet de stocker des matières dangereuses qui ne peuvent être traitées en Côte d’Ivoire et doivent par exemple être expédiées en France pour être éliminées dans des conditions réglementaires, en respectant l’environnement.” E
Des plans ambitieux
Aujourd’hui ENVIPUR s’est développée, elle réalise un chiffre d’affaires de 2 millions de francs CFA, emploie cinquante personnes, des salariés très qualifiés parmi les quels des doctorants.
Globalement les actions en faveur de l’environnement se développent dans le pays. La Côte d’Ivoire affiche des plans ambitieux. Les acteurs ivoiriens sont à la recherche de partenaires pour des dossiers techniques parfois complexes. “ ENVIPUR a les moyens de suivre les évolutions, même si les besoins sont importants. La Côte d’Ivoire bénéficie de compétences nécessaires et nous pouvons aussi compter sur des relatons avec des entreprises françaises, pour des prestations. C’est ainsi que nous expédions à la société TREDI des déchets qui ne peuvent être traités ici.” explique César Aka-Khie, pdg d’Envipur.