La première rencontre mondiale de la société civile contre la déforestation importée, Evian Summit a été l’occasion d’insister sur le fait que la lutte contre la déforestation doit et peut être gagnée. Les consommateurs ont un rôle essentiel, comme les entreprises
Samedi 25 novembre, en fin d’après midi, sa prise de parole fut l’une des dernières , sinon la dernière prise de parole de Michèle Rivasi, députée européenne, disparue le lundi Bruxelles. La députée européenne, agrégée de sciences, enseignantes, militante sans concession, écologiste profondément engagée, a évoqué son expérience d’élue au Parlement européen, amenée à se rendre sur le terrain. Michèle Rivasi a témoigné en évoquant ses déplacements en Amérique du Sud, au Brésil, en proie à un mal développement dans les grandes villes, dans les campagnes, mais aussi dans les régions entières de la forêt d’Amazonie.
« Il y a une urgence à réglementer [la déforestation] pour que les populations autochtones puissent continuer à vivre, pour qu’elles aient un territoire où garantir la richesse de la biodiversité. Mais de notre côté, nous sommes responsables de la super consommation (…) de ce modèle du toujours plus, de ce modèle où on est toujours dans le jetable. En tant que consommateurs, nous avons intérêt à être très vigilants sur l’origine [des produits]. », cite le communiqué de presse d’Evian Summit.
Après les tables rondes qui avaient permis d’écouter les » gardiens » de cinq grandes forêts, de plusieurs continents, outre, Michèle Rivasi, plusieurs intervenants ont apporté des témoignages transversaux.
Zéro importations non européennes pour la CAMIF
Emery Jacquillat,est président de la Camif et co-fondateur de la Communauté des Entreprises à Mission. La Camif actuelle, est en quelque sorte l’héritière de l’ancienne Coopérative des Adhérents de la Mutuelle des Instituteurs de France. La coopérative a été reprise il y a quelques année par la société Matelsom, et s’est engagée résolument dans l’approvisionnement français et européen pour les meubles et autres éléments de décoration d’intérieur qu’elle vend par correspondance, mais aussi dans ses magasins.
«Nous sommes , a rappelé Emery Jacquillat, la dernière génération à pouvoir agir avant que tout nous échappe. Il faut imposer un nouveau modèle de consommation plus sobre, il n’y a pas d’autre choix. Même les entreprises vont être touchées par cette crise des ressources et l’inflation que l’on vit. À la Camif, nous avons fait le choix dès 2009 de miser sur une proposition de valeur tout à fait singulière : le choix du Fait en France. Pour nous ça a été une façon de remobiliser tout l’écosystème des fabricants français avec lesquels on travaille. Ce choix du local, pour moi, est un des leviers pour lutter contre cette déforestation lointaine, qu’on ne voit pas. »
Poursuivre des entreprises
Charlène Lainé, est chargée de campagne plaidoyer et sensibilisation pour l’association Envol Vert France, qui s’est spécialisée dans l’analyse de l’impact de la consommation sur les forêts. L’association a mis en cause les deux grands groupes français de distribution, Carrefour et Casino. «Depuis deux ans, nous attaquons des entreprises françaises en justice justement parce qu’elles ont des actions de déforestation au Brésil et en Colombie. Les deux tiers de la biodiversité planétaire se trouvent dans les forêts. Donc la protection des forêts est importante pour protéger l’équilibre mondial, la balance des espèces, etc. C’est aussi ce qui garantit notre bien-être. Achetons au plus proche du producteur. En France nous avons une richesse gastronomique, une richesse de terroir hallucinante, c’est relativement facile d’aller consommer des produits locaux. Et globalement : on évite la viande et les produits transformés. »
Déforestation en recul en Indonésie
Boris Patentreger, est directeur France de Mighty Earth. « L’an dernier la déforestation liée aux plantations industrielles d’huile de palme en Indonésie est arrivée au plus bas taux de déforestation jamais mesuré depuis les années 2000. Il reste encore de la déforestation liée à l’huile de palme, le problème n’est pas réglé,mais on a baissé de 95 %, c’est énorme. Maintenant nous agissons contre la déforestation causée par la culture du soja et avec l’élevage de bovins, les principales causes de déforestation en Amérique du Sud. Il est possible de diminuer la déforestation. Si on arrive à l’arrêter on agit sur le climat :plus d’émission de gaz à effet de serre lié à la déforestation, on agit sur la protection de ces magnifiques populations (…) et sur la biodiversité, car la déforestation est la principale cause de perte de biodiversité. »