Aux confins de Provence Alpes Côte d’Azur et d’Auvergne Rhône-Alpes, La Grave doit s’interroger sur l’intérêt d’une extension d’un téléphérique jusqu’à un glacier dont la fonte, lente mais inexorable, prouve la fin d’un modèle d’aménagement de la montagne.
La Grave, fait face à la Meije, à ses glaciers, les sommets les plus impressionnants du massif des Ecrins, dans le Parc National du même nom. Le village est resté à l’écart du rouleau compresseur de l’industrie du ski qui a transformé d’innombrables vallées des Alpes du Nord, et même parfois des Alpes du Sud. La Grave n’a pas été transformée en station livrée à la spéculation, à la construction, comme les villages proches en Isère, de l’Alpe d’Huez, ou des Deux Alpes.
La montagne y a été équipée de 1976 à 1986, d’un téléphérique en deux tronçons amenant au terminus des Ruillans, pour permettre aux amateurs de poudreuse, de ski libre, hors piste, d évoluer vers les vallons de la Meije. Pour permettre aussi aux alpinistes d’approcher de sommets voisins de la Meije. Le climat était encore au rendez-vous, pour une clientèle à la recherche d’une montagne » nature » . La délégation de service public confiée a été confiée Syndicat Intercommunal à Vocations Multiples du Briançonnais, jusqu’à la faillite de l’activité en 1987 .
La créateur de l’installation a repris cette dernière en 1987, réalisant l’équipement d’un troisième tronçon menant randonneurs et skieurs de 3200 à 3600 mètres d’altitude plus haut sur le glacier, pour la pratique du ski, même en été, comme pour la randonnée glaciaire.
A la fin du contrat de délégation de service public en 2017, la collectivité a souhaité envisager le renouvellement de l’équipement du troisième tronçon Sur ces perspectives ambitieuses, la SATA, qui exploite les aménagements de l’Alpe d’Huez et des Deux Alpes, s’est positionnée, prête à porter l’investissement. En filigrane, les défenseurs de la montagne ont supposé que l’objectif de la SATA était d’imaginer une liaison totale en direction de la Grave et de ses vallons sauvages.
Le projet est devenu un des dossiers de la campagne des élections municipales de 2020, deux listes en lice étant favorables au projet SATA et à ses promesses. Mais les opposants au projet se sont alors mobilisés pour que le débat soit plus clair, plus complet.