Pour les médias, la fermeture des bars à Paris et les crues dans les Alpes Maritimes sont les deux catastrophes de la semaine. Si elles traduisent toutes deux la force indomptable de la nature, elles appellent un traitement plus différencié.
Michel DeprostA en croire les médias, la France fait face à deux catastrophes depuis vendredi.
À Paris et dans les départements de la Petite Couronne, les temps sont durs. Il sont durs pour les gérants de bars et de restaurants, et ils sont durs pour les clients urbains. Ces derniers ne peuvent s’adapter aux temps difficiles. Ils ne peuvent se passer de bars, de restaurants, de terrasses, de soirées à rallonge puisqu’ainsi est faite la vie urbaine, de discussions autour de verres, d’after-works et d’open bars ! Les métropolitains ne peuvent recréer de convivialité privée, sans risquer de créer de nouveaux essaims de contagion. Que la vie est dure dans la capitale !
Dans le même temps, plusieurs vallées des Alpes Maritimes ont été dévastées par ce qu’un représentant de la Préfecture a qualifié de « bombe météorologique ». La Roya, la Vésubie, la Tinée en crue descendues des crêtes alpines ont détruit sur leur passage routes, ponts, maisons, ateliers, équipements publics, emporté des personnes, des véhicules… Ces vagues là ont fait des morts, détruit, pour des dizaines de familles, pour de nos concitoyens de tous âges, le travail d’une vie, le fruit d’années de labeur, un cadre de vie quotidien, des souvenirs, des meubles, des photos…
Arrêtons le flux d’informations qui nous submerge, qui nous noie, qui efface la hiérarchie des urgences, des douleurs. C’est la dure loi de l’actualité dit-on. L’actualité n’est pas une avalanche qui mêle l’anecdote et l’essentiel. C’est à nous journalistes de ne pas ajouter de la confusion à la confusion, du relativisme au relativisme.
La crise de la Covid et la catastrophe des Alpes-Maritimes montrent toutes deux la force indomptable de la nature. Mais la crise sanitaire montre largement la part de responsabilité de chacun, que ne peut que diluer la plus grande agglomération d’Europe avec 12 millions d’habitants.
Les inondations montrent bien autre chose que les désagréments entraînés par la fermeture anticipée des débits de boisson. Elles appellent un élan de solidarité totale et rapide.